Le Maroc, aidé de la France, tente d'amener l'ONU à renoncer à l'un de ses principes fondateurs: le droit des peuples à l'autodétermination. A mesure que se rapproche la date du vote du Conseil de sécurité sur le plan Baker, relatif au règlement définitif de la question du Sahara Occidental, le Maroc a multiplié les démarches, tant diplomatiques que médiatiques, dans le but de faire échouer cette «démarche de la dernière chance». Partisan des faits accomplis et d'un expansionnisme sans limites, le Maroc cherche à gagner du temps, puisque la date du vote - 31 juillet - correspond à celle de l'expiration du mandat de la Minurso et, partant, d'une possible reprise des hostilités. Une chose est sûre, outre le fait que le Maroc demeure hostile au droit des peuples à l'autodétermination, c'est que le royaume chérifien serait prêt à aller jusqu'à défier l'ONU et son Conseil de sécurité dans le cas où il venait à adopter le plan Baker prévoyant, entre autres, un référendum pour le peuple sahraoui dans les cinq années à venir. Le porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdallah, dans une déclaration faite hier, a catégoriquement et officiellement rejeté le plan Baker, entamant ainsi un début de bras de fer avec les membres du Conseil de sécurité, majoritairement favorables au plan de paix de l'ancien secrétaire d'Etat américain. «La proposition (actuellement examinée au conseil de sécurité) ne convient nullement dans sa forme actuelle au Maroc qui l'a rejetée». Benabdallah s'exprimait ainsi à l'issue d'un conseil de gouvernement exclusivement réservé à cette question. Benabdallah admet, pour la première fois, que les Etats-Unis d'Amérique sont favorables au plan Baker qui, donc, a toutes les chances d'aboutir et qui est conforme au droit international et aux droits des peuples à l'autodétermination. «Nous avons exprimé notre étonnement au sujet de cette proposition qui ne tient nullement compte des positions constantes du Royaume, appelant à un règlement politique global préservant la souveraineté nationale de notre pays et garantissant son intégrité territoriale». L'engagement américain dans cette affaire, entrant dans le cadre de son redéploiement en Afrique via l'Algérie, se cristallise beaucoup mieux si l'on apprend que le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a entamé, mardi, une visite de travail aux USA. Des sources diplomatiques indiquent que le chef de l'Etat de la Rasd (République arabe sahraouie et démocratique) en profiterait pour rencontrer à son tour, les membres du conseil de sécurité et mener une contre-offensive au travail de sape mené depuis plusieurs semaines par les «diplomates» marocains, présents en force au niveau du siège des Nations-Unies. La Maroc a déjà perdu la bataille sur le plan des droits de l'Homme, puisqu'il a maintes fois été rappelé à l'ordre aussi bien par l'ONU que par les ONG, engagées dans la défense des droits de l'Homme, à propos de ses multiples dépassements commis dans les territoires occupés. Européens et Américains se sont unis cette année pour offrir des vacances à plus de 10.000 enfants sahraouis qui, l'espace d'une semaine ou deux, oublieront l'enfer que leur impose le Palais chérifien depuis bon nombre d'années.