Si Hellali, le juge, défend les principes de la loi, Maître Bouali prend le parti de son client qui hurle de... Maître Nacéra Bouali, l'avocate, d'un pauvre bougre condamné en première instance à une peine d'emprisonnement de six ans pour détention en vue de commercialisation de drogue, avait pris soin de débuter sa longue plaidoirie en priant Tayeb Hellali le jovial président de la 8e chambre correctionnelle d'Alger, de lui permettre de vider son sac car, balancera-t-elle dans une salle comble en ce dimanche très chaud de la mi-juillet 2011, «il y a trop d'interdits, trop de dépassements qui sont commis aux dépens de mes jeunes inculpés». Le juge sourit. Il laisse l'avocate aller vers le mur en surveillant les «ralentisseurs» prévus par la loi. Maître Bouali Hettak va alors développer son idée fixe: «Les interrogatoires serrés ont poussé mon client à reconnaître ce qu'il n'a jamais fait. Les quatre grammes de came n'appartiennent pas à Boussaâd L. Il vient de vous le confirmer, de le crier, de hurler. Il le fait depuis le commissariat de Hussein Dey, au Ruisseau, en passant par le tribunal», s'est encore écriée l'avocate qui allait alors atteindre et traverser le mur du son. «Les violences physiques n'ont pas à être de rigueur. Monsieur le président, la défense vous prie de bien prendre acte de son intervention en vue de bien examiner le dossier en semaine et je voudrais...» «Maître, demandez donc au trio de juges que nous sommes, nous représentons une chambre. Je ne suis pas seul ici à rendre justice, voyons, Maître et je vous en conjure de ne plus ressasser que la came avait été ramassée sur la chaussée. Et quand bien même, qui nous prouve que ce n'est pas Boussaâd qui avait la drogue sur lui?» Le dialogue va prendre alors un virage pressant et intéressant à reproduire. «Mais, Monsieur le président, comment pouvez-vous penser et vous exprimer ainsi alors qu'il n'y a même pas de témoins!», réplique aussi rapidement que le vent, Maître Bouali qui avait réussi à titiller l'ego du président qui a alors entamé un croisé de fer loyal en articulant: «Maître, ici, on ne pense rien du tout, on décide, on juge, on écoute, on juge et à la fin, il y a de tout: vingt ans ferme, cinq ans assortis du sursis, la relaxe et il y en a, je vous l'assure, vos confrères, habitués à cette chambre, peuvent vous le confirmer.» Et c'est ce moment-là que choisira Maître Nacéra Hettak - Bouali pour planter la dernière banderille en direction, cette fois, du trio où trône l'éblouissante Zineb Charchar marquée par une lassitude que ne comprennent que les magistrats bosseurs. L'avocate va tenter de changer de ton en demandant à l'honorable cour à qui «je voue beaucoup de respect de bien examiner le dossier criblé de piétinements des procédures, de zones d'ombre. C'est pourquoi, à défaut de relaxe, une relaxe au bénéfice du doute serait la bienvenue et honorerait ce trio de juges et toute la cour d'Alger», conclut, le visage rouge de douleur mêlée à de la fatigue et du désespoir, la charmante avocate qui prendra acte de la mise en examen de l'affaire de drogue, une de plus! Et c'est à partir de ce... une de plus que nous profitons de ces vacances pour saluer l'inlassable activité de nos services de police, tous corps confondus et la prise en charge de ces dossiers empoisonnés et empoisonnants de nos magistrats. Maître Bouali, elle, avait quitté le siège de la cour d'Alger avec les satisfactions au travail accompli et très bien, SVP!