Pour plusieurs juristes, le mot «détention» veut dire ce que les dictionnaires, tous les dictionnaires du monde dans tous les dialectes et langues nationales, régionales, locales ou continentales, expliquent aisément. En justice, si l'avocat a une explication claire pour ce mot, le juge, lui en a une autre. Si par malheur un magistrat du siège ou un représentant du ministère public a sous les yeux cette phrase de la police judiciaire : «La drogue se trouvait à quelques mètres du suspect» c'est fichu : le suspect est inculpé et l'inculpé devient coupable. Aucune plaidoirie, même celle de Maître Bouguessa, n'y pourra rien. Abderezak Z. est un jeune qui a écopé d'une peine de prison ferme de trois ans pour avoir été pris, selon la police, avec quelques joints et psychotropes car en soins, selon maître le Dr Kamel Bouguessa, qui aura l'occasion de jouer à la «Robespierre» à la suite de l'incident qui l'avait opposé au président de la première chambre pénale d'Alger, qui avait refusé d'accorder plus de temps à l'avocat lequel voulait justement faire dans la pédagogie en expliquant l'unique sens de la détention de came. «Monsieur le président, mesdames les conseillères, mon client est un malade. Il avait été interpellé à cinq jours de son hospitalisation pour un réel contrôle de suivi de son état de santé. Il avait sur lui des cachets dûment prescrits, jamais de drogue», avait hurlé le défenseur qui verra son sang faire un tour, ce qui créera des tensions dans la salle et obligera le président à sommer le Dr Bouguessa à aller au-devant des demandes. - «Mais Monsieur le président, c'est un non-sens. Nous ne pouvons effectuer des demandes sans expliquer.» - «Allez, allez, hurle à son tour le juge, d'habitude calme, pondéré et jovial dans les pires moments d'une audience exécrable. Partons et laissons-le seul plaider dans le vide.» Alors que personne, ni la greffière, ni le procureur général, ni les deux conseillères n'avaient bougé de leurs sièges, le juge, lui était tout près de la porte d'entrée de la salle de délibération avant de «maudire Satan» et revenir se rasseoir. «Bon, allez, maître continuez à l'aider, voulez-vous ?» L'avocat, lui, s'était entre-temps retourné vers ses collègues (plus d'une quarantaine) en leur demandant un geste de solidarité, le minimum pour que le monde sache la situation du droit à la défense. Quelques minutes plus tard, tout rentrera dans l'ordre. Le dossier sera mis en examen et le pauvre Abderezak Z. devra se faire une raison en restant en taule, car le verdict du tribunal et les trois ans ferme seront reconduits définitivement.