«Dani ennif aâla khouya», avait répondu maladroitement Mokhtar D., la vingtaine, délinquant primaire, à la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boufarik, de la cour de Blida. Maladroitement, car le pauvre bougre, auteur de dangereux coups et blessures volontaires à l'encontre de Hocine W., la vingtaine aussi, ignorait que la vendetta, la vengeance, le nif mal utilisé, l'assistance à un frangin hors norme, étaient interdits par la loi, une loi qui punit sévèrement cet énergumène qui doit une fière chandelle à maître Benamghar, son avocat, qui aura plu au tribunal par sa sobriété et sa perspicacité à la barre en faisant gagner du temps à la magistrate qui a apprécié. Le client de maître Embarek Benamaghar avait beaucoup de mal à expliquer son regretté geste «avoir assené de nombreux coups sur la tête de son adversaire à l'aide d'une grosse pierre occasionnant un arrêt de travail de douze jours» ce qui est soi une sévère mise en garde du médecin..... «Il a agressé mon frère, mon jeune frère», a-t-il répondu à Nadia Mamèche la juge de Boufarik qui relève de la compétence de la cour de Blida, une immense cour avec neuf tribunaux, aussi encombrés les uns que les autres. C'est pourquoi ce délit de coups et blessures revient souvent dans cette localité vaste. Maître Khellil Kaïd, l'avocat de la victime montre d'entrée de plaidoirie des photos des blessures sur la tête et dit ne pas comprendre l'absence de dialogue entre les voisins avant d'aller aux coups. «Il a eu affaire à son frère ? Quand bien même... Mon client n'avait rien à voir avec l'aîné : Pourquoi s'est-il mêlé à cette histoire déjà bancale et malheureuse» «Deux ans de prison ferme», balbutie presque Khaled Kouchih, le jeune procureur de l'audience qui a envie de faire dans la surenchère puisque maître Kaïd a déjà tout dit et même redit. Et cela a un coût : le verdict ! Maître Benamghar plaide de suite la provocation et rend grâce à Allah pour ne pas être allé à plus grave. «Oui, les blessures sont sérieuses mais pas mortelles !» s'était exclamé le défenseur qui a eu l'élégance de faire très court afin de ne pas agacer le tribunal dont le rôle ne prêtait pas à rire ou à sourire. Et l'élégance du conseil alla dans le sens de l'apaisement et de la réconciliation même si la victime ne s'était pas désistée sur ses droits. Mamèche, la présidente, était beaucoup plus désolée que ce dossier soit un amalgame de bêtises où l'intolérance avait enfoncé ces deux lascars. Le premier se plaignait de douleurs, le second de regrets, d'amers regrets en plein mardi, le milieu de la semaine ! D'ailleurs, aussi bien l'avocat que Mokhtar D. son jeune client, allaient retrouver le sourire à l'issue du prononcé du verdict qui a vu Mamèche, la présidente, infliger la peine de six mois de prison assortie du sursis, histoire de tenir au respect ce Mokhtar qui a eu le malheureux réflexe de tirer plus vite que son... ombre. Et les regrets figés sur sa face en disaient long sur son état.