La crise actuelle a commencé lundi après la décision du gouvernement de Pristina de déployer sur deux postes-frontières dans le nord du Kosovo, des unités spéciales de la police. Le Parlement de Serbie a adopté dans la nuit de samedi à dimanche une «déclaration» accusant les autorités de Pristina d'avoir eu «recours à la force» pour instaurer un embargo commercial visant les produits serbes et en appelant au «dialogue» pour parer à cette nouvelle situation. Au terme d'une session extraordinaire, convoquée à la demande du gouvernement serbe, les députés ont adopté ce texte accusant les autorités kosovares albanaises d'avoir «tenté de changer la situation sur le terrain par le recours à la force». Le Parlement demande au gouvernement de «défendre les intérêts de la République de Serbie et du peuple au Kosovo (...) en premier lieu, jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée» pour parer à la situation, ce qui doit être fait «par un dialogue entre Belgrade et Pristina», selon la déclaration adoptée. La crise actuelle a commencé lundi après la décision du gouvernement de Pristina de déployer sur deux postes frontières dans le nord du Kosovo des unités spéciales de la police pour y installer des douaniers et policiers chargés d'assurer l'application d'un embargo commercial sur les importations de produits serbes, décrété le 20 juillet. Cette détermination de Pristina d'établir son contrôle dans cette région, pour la première fois depuis la proclamation de son indépendance en 2008, a provoqué la colère de la population serbe locale. La population dans le nord du Kosovo, limitrophe de la Serbie du sud, est presque exclusivement serbe. Les Albanais sont en revanche majoritaires dans l'ensemble du Kosovo. Dans des incidents qui sont survenus, un policier kosovar a été tué et un des deux postes-frontières litigieux a été incendié par une centaine de jeunes encagoulés. La force de l'Otan au Kosovo (Kfor) a pris jeudi le contrôle des deux postes-frontières pour empêcher que les violences prennent de l'envergure. Le passage y est interdit pour l'instant. Lors des débats au Parlement, qui ont duré pendant dix heures, le négociateur serbe pour le dialogue avec le Kosovo, Borko Stefanovic, a affirmé que la situation était «dramatique» et qu'elle prenait «l'ampleur d'un état d'urgence et presque d'un conflit» armée. Le président serbe, Boris Tadic, dont le pays n'a jamais reconnu l'indépendance du Kosovo, a accusé le gouvernement kosovar de vouloir «à long terme, changer la structure ethnique» dans le nord du Kosovo. «La Serbie s'opposera à cette politique», a-t-il dit. Il a toutefois souligné que «la Serbie (ne ferait) pas la guerre» et que «la paix (n'avait) pas d'alternative». Selon les médias serbes, au moins trois villes du nord du Kosovo - Lesak, Leposavic et Mitrovica-Nord -, étaient confrontées hier à une pénurie de denrées alimentaires et de médicaments. Des livraisons dans ces localités sont essentiellement assurées par la Serbie, mais le pain et le lait n'étaient plus livrés à cause de la fermeture des postes frontières, a rapporté l'agence serbe Beta. L'agence évoque également une imminente rupture de stock de viande, de produits de viande et de farine, ainsi que de longues files d'attente dans des stations-services. Les médecins de l'hôpital à Mitrovica mettent en garde contre la pénurie de médicaments, selon la même source. Par ailleurs, les routes menant vers les deux postes-frontières litigieux étaient toujours bloquées hier par des centaines de Serbes qui y ont dressé des barricades pour empêcher la Kfor de s'y rendre par la voie terrestre, rapporte Beta.