La ministre kosovare du Commerce Mimoza Kusari-Lila a accusé Belgrade de ne pas appliquer l'accord conclu début septembre à Bruxelles sous les auspices de l'Union européenne (UE) qui était censé débloquer la circulation des biens commerciaux. Trois camions chargés de ciment, autorisés dans un premier temps à entrer en Serbie, ont été forcés par les autorités serbes à revenir au Kosovo, a indiqué Mme Kusari-Lila. Nous attendons le retour de ces camions au Kosovo pour déterminer les raisons qui ont été avancées pour les forcer à faire demi-tour, a indiqué la ministre. Nous ne pouvons pas continuer à appliquer l'accord (de Bruxelles) unilatéralement, a dit Mme Kusari-Lila. Nous ne pouvons pas attendre encore longtemps que Belgrade applique cet accord, a-t-elle ajouté n'excluant pas que le Kosovo puisse à nouveau imposer un embargo commercial sur les produits serbes. Le porte-parole de la douane kosovare, Adriatik Stavileci, a pour sa part indiqué que les autorités serbes avaient ordonné le retour des camions au Kosovo car leur déclaration douanière délivrée par les autorités kosovares n'était pas acceptable. On (les autorités serbes) a demandé à l'importateur (serbe) de ciment de se procurer des documents délivrés par l'administration douanière parallèle serbe au Kosovo, a indiqué M. Stavileci. La Direction des impôts serbe, citée par l'agence Beta, a indiqué, de son côté, qu'un camion transportant des marchandises du Kosovo était entré en Serbie lundi alors que 43 camions de la Serbie étaient passés sur le territoire kosovar. Tous les camions transportant la marchandise accompagnée de documents qui portent le tampon (douanier) convenu entre Belgrade et Pristina pourront entrer en Serbie, a précisé la Direction des impôts. Depuis la proclamation de l'indépendance du Kosovo en 2008, la Serbie n'autorise pas les importations kosovares accompagnées de symboles étatiques, comme les tampons douaniers dotés de l'inscription République du Kosovo car Belgrade considère ce territoire comme sa province méridionale. Invoquant des mesures de réciprocité, Pristina a imposé de son côté en juillet un embargo sur les produits serbes. Selon l'accord conclu début septembre, Belgrade s'était engagé à accepter les tampons douaniers avec la mention Douanes du Kosovo. Mme Kusari-Lila n'a pas précisé si la documentation qui accompagnait les trois camions refoulés étaient conformes à l'accord conclu. Pristina avait levé son embargo le 16 septembre après le déploiement de policiers et douaniers kosovars et de la Mission de l'UE au Kosovo (Eulex) à deux postes-frontières litigieux avec la Serbie, dans une zone du nord du Kosovo peuplée majoritairement de Serbes. Il s'agit de passages frontaliers où le gouvernement kosovar, dominé par les Albanais, avait déjà tenté en juillet de déployer des policiers et des douaniers pour faire respecter l'embargo visant la Serbie, provoquant la colère de la population serbe locale et des incidents dans lesquels un policier kosovar albanais a été tué. Les deux passages sont depuis contrôlés par les militaires de la Kfor.