Des monarchies du Golfe, (Arabie, Koweït, Bahreïn) rappellent leurs ambassadeurs alors qu'Al Azhar hausse le ton. Ignorant l'avalanche de condamnations qui lui sont adressées, le président syrien Al Assad fait la sourde oreille. Mis sur la sellette, ce sont ses proches partenaires qui lui tournent le dos. La prestigieuse institution d'Al-Azhar, au Caire, a appelé hier la Syrie à mettre fin à l'effusion de sang. Elle estime que la situation avait dépassé les limites. «Al Azhar a longtemps patienté et évité de parler de la situation en Syrie en raison de sa sensibilité», a déclaré l'imam de l'institution, Ahmed al-Tayyeb, dans un communiqué diffusé par l'agence officielle égyptienne Mena. Mais «la situation a dépassé les limites et il n'y a pas d'autre solution que de mettre fin à cette tragédie arabe et islamique», a-t-il ajouté. De plus en plus isolée, la Syrie est petit à petit lâchée par ses plus vieux partenaire. Même la Ligue arabe a appelé, dimanche, les autorités syriennes à mettre immédiatement fin aux violences. Rompant avec la traditionnelle discrétion de la diplomatie saoudienne, le roi Abdallah a, dans un communiqué publié dimanche soir, enjoint le président syrien d' «arrêter sa machine de mort», avertissant que «le Royaume ne peut aucunement accepter ce qui se passe en Syrie». L'Arabie Saoudite, poids lourd du Monde arabe, a rappelé dimanche son ambassadeur à Damas, pour signifier son exaspération face à la poursuite de la répression en Syrie. «L'Arabie Saoudite se trouve face à ses responsabilités historiques à l'égard de ses frères pour leur demander d'arrêter la machine de mort et l'effusion de sang (...) avant qu'il ne soit trop tard», a dit le souverain wahhabite, exhortant Damas à appliquer «des réformes globales et rapides». Evènement majeur et fatidique pour le président syrien. Une déclaration suivie d'une décision qui risque de renverser la donne. La Syrie n'a que deux choix pour son avenir: «Opter volontairement pour la sagesse, ou s'enliser dans le chaos et la violence», a estimé le roi dans un communiqué au ton inhabituellement sévère à l'égard des dirigeants syriens. Dans son initiative, l'Arabie Saoudite a été suivie par le Koweït et Bahreïn. Hier, le Koweït a suivi et son chef de la diplomatie, cheikh Mohammed al-Sabah a estimé que «personne ne peut accepter l'effusion de sang en Syrie» et que «l'option militaire doit cesser». Il a annoncé une prochaine réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG) consacrée à la situation en Syrie. Le CCG comprend également les Emirats arabes unis, Oman et le Qatar. Zéro concession pour Bachar Al Assad. Alors que l'étau se resserre de plus en plus autour de la Syrie, le président Al Assad semble garder son calme. Se trouvant isolé sur la scène internationale, Al Assad continu à avancer la thèse du complot. Il empute encore ce qui se passe dans le pays à de problématiques «hors-la-loi» Après la Russie, la France, les Etats-Unis (...), dimanche, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait exhorté M.Al-Assad à mettre fin à la répression meurtrière. De leur côté, Washington, Paris et Berlin envisageaient de nouvelles mesures contre Damas. Pour sa part, la Turquie, pays voisin de la Syrie s'est déclaré à bout de patience. Sur le terrain, l'armée syrienne a une nouvelle fois choisi d'utiliser la force. Pour mater la contestation, elle a envoyé les chars à l'assaut de Deir Ezzor, tuant 42 civils, puis de Houlé dans la province de Homs (centre) où au moins dix civils ont été tués, selon Abdel Karim Rihaoui, le chef de la Ligue syrienne des droits de l'homme. L'armée aurait pénétré dans neuf quartiers de Deir Ezzor là où de très fortes explosions ont été entendues, ont indiqué les Comités de coordination locaux (LCC), qui chapeautent les manifestants anti-régime. La deuxième ville du pays, Alep (nord), a également été le théâtre de manifestations dimanche soir avec des centaines de personnes qui sont descendues dans la rue pour réclamer la chute du régime et proclamer leur solidarité avec Deir Ezzor et Hama, selon M. Abdel Rahmane. La télévision publique a, quant à elle, démenti l'entrée de chars à Deir Ezzor. Elle a par ailleurs, montré «une grande quantité d'armes et de munitions» saisies, selon elle, dans un camion intercepté à la frontière libanaise, dans le gouvernorat de Homs. La question qui se pose est de savoir que croire? qui tue qui en Syrie!