Des chars continuaient d'occuper lundi Plusieurs quartiers de la ville de Daïr az Zour, dans l'est de la Syrie, après la semaine la plus sanglante dans le pays depuis le début de la révolte contre le président Bachar al Assad, il y a cinq mois. Les assauts contre Hama puis Daïr az Zour, deux grandes villes où l'opposition au régime est forte, ont suscité une vive réprobation internationale. Après la Turquie, des pays du monde arabe ont dénoncé ce week-end la violence de la répression. Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a rappelé son ambassadeur à Damas et qualifié la situation en Syrie d'«inacceptable». Jamais depuis le début du «printemps arabe», le souverain saoudien n'avait ainsi critiqué un autre pays. «La Syrie devrait réfléchir sagement avant qu'il ne soit trop tard et mettre en œuvre des réformes qui ne soient pas de simples promesses mais de véritables réformes», dit le dirigeant du royaume sunnite. La majorité des Syriens sont de confession sunnite mais l'élite dirigeante, dont la famille Assad, est alaouite, une branche du chiisme. Quelques heures plus tôt, la Ligue arabe et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont formulé des messages similaires. Le Koweït a annoncé la tenue prochaine d'une réunion sur la Syrie des ministres des Affaires étrangères du CCG. L'émirat a rappelé, lui aussi, pour consultations son ambassadeur en Syrie et convoqué le représentant de Damas au Koweït, a dit au Parlement le cheikh Mohammed al Salem al Sabah, ministre des Affaires étrangères. «Quand le nombre d'innocents tués (dans la répression) dépasse les 2 000, c'est quelque chose de tout à fait inacceptable», a-t-il estimé. Il a toutefois exclu toute intervention militaire contre le régime syrien, tout comme la Ligue arabe qui a dit privilégier vis-à-vis des autorités de Damas «la voie de la persuasion». Autre membre du CCG, le Bahrein a également rappelé son ambassadeur à Damas. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a directement fait part à Bachar al Assad de sa «très grande préoccupation» lors d'une conversation téléphonique samedi. Au Caire, le recteur de la mosquée Al Azhar, siège d'une des plus anciennes universités du monde et institution très influente dans l'islam sunnite, a vivement dénoncé la répression menée en Syrie. «C'est une tragédie humaine qu'on ne peut pas accepter», a dit le grand imam Ahmed el Taïeb, dans une déclaration diffusée par l'agence de presse égyptienne Mena.