Un artiste engagé qui a marqué sa génération Mohand Ouyahya était l'unique artiste à produire et donner gratuitement ses oeuvres pour la promotion de l'identité et de la langue amazighes. Entamé par son fameux poème Aghroume sel mousse «Le pain avec un couteau», qui le blesse à la main, tout en lui donnant un sens multidimensionnel, la mémoire du défunt Mohya, ou Mohand Ouyahya, chantre de la poésie kabyle, en particulier, et algérienne de manière générale, a été ressuscité dignement durant la soirée de mercredi au programme Mille est une nuits du Ramadhan du quotidien Algérie News à Alger et ce, en présence de l'idole des années 1980, Ali Idheflawene, monologue et Mme Fadhma Amazit, linguiste est ancienne comédienne des ateliers de théâtres amazighs de l'inoubliable Mohya. Quelques dizaines d'adeptes de qualité et bien imprégnés dans la poésie Mohand Ouyahya, ont tenu à marquer de leurs présence, leur participation à cet hommage qui mérite, tant bien que mal, l'adhésion générale de la jeunesse kabylophone, pour la sagesse et la philosophie «moyenne» qui dit: «La culture et l'identité amazighes, sont des valeurs universelles du commun des mortels, au-delà du simple parler quotidien.» 30 ans d'engagement pour l'identité et la promotion de la culture amazighe, Mohya, peut être l'unique si ce n'est l'un des rares artistes qui produisent des oeuvres pour les donner gratuitement, pour donner sens et valeurs créatifs à l'imaginaire de l'homme amazigh dans toute ses dimensions ancestrale et contemporaine. «Le plus important est d'interroger les évidences», disait le défunt Mohya dans son Trait kabyle originel aux comédiens et comédiennes dans son atelier ACB (Association Culture Berbère) à Paris 20e qu'il a ouvert depuis 1983. Le chanteur des causes justes, Ali Idheflawen qui a demandé l'autorisation de chanter la légendaire chanson El Berrouguia, révèle toute la grandeur d'âme de Mohya, mais surtout son engagement à remonter l'histoire des 24 détenus du Printemps berbère des années 80, pour dire «Basta à la dictature, oui à l'ouverture identitaire et démocratique» en Algérie. D'aucuns parmi les militants de la cause amazighe en Algérie, ne peuvent nier l'apport de ce poète engagé. «Mohya s'inspire de la réalité quotidienne des gens simples et intelligents. Il est le premier Algérien à traduire de nombreux textes théâtrales de renommée mondiale et écrivains Brecht, Molière et tant d'autres vers la langue kabyle», a témoigné Mme Amazit qui a pimenté ses témoignages par des anecdotes sensés et instructives du défunt Mohya. Attaché aux sens du respect de «l'échelle des valeurs», Mohya était très ouvert d'esprit disponible à aider les amateurs et acteurs de la création amazighe. «Mohya disait toujours que le plus important réside dans la qualité et non pas dans le nombre du public qui s'intéresse à la choses», dira Mme Amazit. De son côté, le comédien et metteur en scène, Sami Allem, a merveilleusement repris le poème Urgagh Emuthagh «J'ai rêvé que je suis mort», de Mohya qu'il a interprété dans un monologue fait par des messages et des idées originelles de ce créateur hors pair qui est Mohya. «C'est une pièce théâtrale de plus d'une heure que j'ai reprise dans un monologue et qui se veut comme un hymne à la vie», dira Sami. La soirée a été animée par le fantastique chanteur Ali Idheflawen qui a émerveillé ses fans à travers quelques chansons de son terroir des années 80, à savoir El Berrouguia, Awagui Idivedenne «L'élu», Dawhidhe «Le solitaire», Adjethiyi abridh adheaadigh «Laissez-moi passer» et autres musiques et chansons qui ont subjugué l'assistance. Ali Idheflawen est programmé pour le 9 septembre prochain à Béjaïa.