A défaut d'ouverture médiatique, les réseaux sociaux d'Internet viennent en alternative. Le rôle des médias dans les événements qui ont secoué certains pays du Monde arabe, depuis le début du mois de janvier 2011, à l'image de la Tunisie qui a ouvert la voie des révoltes populaires, ensuite de l'Egypte, du Yémen, de Syrie et de Libye, a été décortiqué par des spécialistes du domaine des médias, la soirée du vendredi à samedi, au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) à Alger. L'écrivain-journaliste, Mustapha Hemici a relevé que «les médias dans le Monde arabe ont toujours été un prolongement du pouvoir en place qui ignorent leur rôle déterminant»,dans cette nouvelle étape de l'histoire des révolutions du monde arabe. Pour cet écrivain-journaliste, le monopole exercé par les Etats arabes sur leurs médias «a encouragé la prolifération des réseaux sociaux sur la Toile Internet», tout en soulignant que «les révoltes arabes n'ont pas été l'oeuvre des structures des systèmes politique ou sociaux, comme les partis politiques ou les organisations issues de la société civile». Toutefois, ce spécialiste a fait remarquer que «les réseaux sociaux ne sont pas la base des révolutions arabes, bien qu'ils permettent aux différents acteurs de rester en contact et d'échanger des informations entre eux». M. Hemici a également relevé que grâce à l'image de l'audiovisuel et la force de son audience, la télévision a influé grandement sur les événements dans le monde arabe. Par ailleurs, le conférencier a ajouté que les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, ont eu un rôle d'agences d'informations. Ces agences ont étés gérées par des correspondants anonymes qui relatent des faits en temps réel, que les médias traditionnels reprennent et recoupent les informations en fonction de leurs besoins et leur ligne éditoriale. Le conférencier a expliqué cet état de fait par la situation que connaissent certains pays arabes, considèreant qu'il ne pourrait y avoir de liberté d'expression sans vie politique. De son côté, Redouane Boudjemaâ, enseignant à l'Institut de journalisme à Alger, s'est attardé longuement sur le concept de «révolution», qui signifie «une rupture au sein d'une société», a-t-il dit. M. Boudjemaâ a relevé qu'«une révolution a toujours besoin d'un guide pour provoquer le changement au sein de la société», tout en regrettant le manque d'homogénéité entre les médias arabes. Cet enseignant de l'université d'Alger, a expliqué que la crise de l'information «ne peut pas être dissociée des crises politiques et économiques que connaissent les pays arabes»'. Les sociétés les moins libres sont celles qui sont le moins informées, selon M. Boudjemaâ.