Les réalisations des responsables locaux sont jugées excessives et dépensières. La visite du Président de la République se poursuit aujourd'hui, après son périple sétifien, à Djelfa, Had Shari, Aïn Oussera et Charef. Elle a été retardée de quelques heures à cause d'un vent de sable enregistré au niveau de l'aéroport de Batna. Beaucoup de réalisations doivent être inaugurées et plusieurs infrastructures finies, ou en voie de l'être, deviendront désormais opérationnelles. Ainsi, le nouveau siège de la wilaya, un jardin botanique, un centre culturel et une nouvelle cité («la plus belle cité d'Algérie», pavoise le wali) sont de nouvelles réalisations venues (très tard?) désenclaver une région qui étouffe sous le poids des retards accumulés à tous les niveaux. Aïn Oussera aura son nouveau lycée, dénommé Bouamama, d'une capacité de 1300 places. Située à 100 km au nord de Djelfa, cette ville est la plus importante agglomération de la région, après le chef-lieu. La ville de Charef, déjà renommée pour sa station thermale, aura son petit barrage pour atténuer le problème de l'eau qui se pose avec acuité. Une retenue collinaire sera opérationnelle dans cette commune créée en 1957. Hormis l'inauguration du lycée de Aïn Oussera, les autres se feront, aujourd'hui, à Djelfa, notamment, et il y a à s'attendre à voir en sous-sol se former une contestation de plus en plus grandissante. Si on s'éloigne de ces chiffres et ces inaugurations, on peut entendre la contestation monter. D'abord, les élus locaux de l'APC de Djelfa crient («chuchotent» serait mieux approprié) qu'ils ont été soigneusement éloignés de la préparation de la visite présidentielle. A majorité FLN, l'APC de Djelfa n'a été associée que pour recruter les «gaïta-band» et les «zornas-connexion», qui ont fait grand bruit dans la ville. Ensuite, on dévoile ceci: alors que Djelfa se débat à la dernière place, en Algérie, en matière de chômage, de déperdition scolaire, de développement économique, on se permet le luxe (mégalomaniaque?) de reconstruire un autre mégasiège pour la wilaya, dont le coût s'élève à 472 milliards de centimes. «C'est excessif, c'est une petite folie en même temps qu'elle ne constitue pas une priorité pour la ville. Cette réalisation est un non-sens, qui a déjà été contestée par l'ancienne APW», dit un ex-élu de l'Assemblée de la wilaya de Djelfa. Autre contestation: la réalisation (synthétique? A la va-vite?) d'un jardin botanique qui aura coûté la bagatelle de 20 milliards et d'un centre culturel islamique de 30 milliards de centimes. Ces deux réalisations ne portent pas la marque d'une priorité ni auprès des responsables locaux ni auprès des jeunes, visés par ces réalisations. On murmure aussi que l'inauguration d'un lycée à Aïn Oussera a déjà été faite le mois dernier par le ministre de l'Education, Aboubakr Benbouzid. Voilà en substance les contestations des gens (nous passons outre à la révolte de la famille Rahmoune, qui a été spoliée du terrain, lequel a servi à construire le mégasiège de wilaya) et on arrive à l'essentiel: si la wilaya donne l'air de pouvoir réunir les gens dans les rues et ruelles pour accueillir le Président de la République au terme de négociations douteuses, les fans du FLN promettent mieux dans trois jours, Ali Benflis sera ici à Djelfa pour effacer les traces du Président : qui dit mieux?