Reportée pour des raisons météorologiques, puisqu'un violent vent de sable a empêché l'atterrissage de l'avion présidentiel à la base militaire de Aïn Oussera, la visite de Bouteflika a finalement eu lieu hier. Ce report, qui a soulevé l'ire de plusieurs citoyens mobilisés presque de force pour accueillir le Président, a été vite rattrapé par les médias lourds. C'est ainsi que l'ENTV est venue au secours de l'hôte de Djelfa en transmettant, hier soir, lors du JT de 20h, un appel en direct à la population, l'incitant à venir “applaudir le Président”. Les autorités locales ont mobilisé de gros moyens pour satisfaire le Président. De grands portraits ont été distribués à cette fin et ce, à la dernière minute. Il était, en effet, 10h25 quand le cortège présidentiel est arrivé, et c'est juste à côté de la mouhafadha du FLN que le véhicule du chef de l'Etat s'est immobilisé, sous les regards réprobateurs des députés de ce parti. Le wali de Djelfa s'est réjoui du “bon déroulement de la visite”, lui qui craignait l'“absence de la foule”. En effet, Bouteflika a eu son “petit bain” de foule. Mais difficilement, puisque les services de la présidence avaient pronostiqué une indifférence des Djelfaouis. Le frère du Président, Saïd Bouteflika, quant à lui, était visiblement aux anges : il n'a pas, en effet, caché sa joie devant les journalistes et les photographes. Arrivé à la nouvelle Maison de jeunes construite depuis plus d'une année sur l'emplacement d'un Souk el-fellah, Bouteflika a profité de l'occasion pour fustiger une nouvelle fois l'ère “Chadli”. “Y a-t-il d'autres Souks el-fellah ici ?”, demanda-t-il à l'adresse du wali. La zone industrielle, presque à l'arrêt, compte tenu de la liquidation de toutes ses entreprises publiques, a été une autre étape du périple présidentiel. Bouteflika n'a daigné visiter dans cette zone industrielle qu'une petite minoterie. Ne savait-il pas qu'à quelques mètres à côté se trouve l'unité des Moulins de Djelfa, flambant neuf, en pleine liquidation douteuse ? L'étape prochaine de la visite a été le nouveau siège de la wilaya. Cette dernière a fait couler beaucoup d'encre, puisqu'elle aurait coûté la faramineuse somme de 125 millions de centimes, dit-on à Djelfa. Les responsables locaux de Djelfa s'attendaient à ce que le Président fasse des remarques sur les dépenses qu'a nécessitées la construction du nouveau siège de la wilaya. Mais il n'en fut rien. La raison ? Les mauvaises langues disent que le wali de Djelfa est un natif de Tlemcen. Il ne peut donc qu'avoir carte blanche du Président. À noter que le projet de ce siège a été inscrit du temps du wali Saïdi, qui a été radié en août 1999 par l'actuel Président. Quant aux autres projets inaugurés par Bouteflika, ils ont été tous lancés par l'ancien Chef du gouvernement, Ali Benflis, en 2001, lors de sa dernière visite à Djelfa. Par ailleurs, il faut noter que les sept députés du FLN sont restés à l'écart de cette visite. “Il est clair que Bouteflika est en campagne”, déclara l'un d'eux. “Mais nous ne voulons pas donner une lecture politique à son arrêt devant le siège de la mouhafadha”, ajoute-t-il. Bouteflika achève sa visite à la ville de Djelfa vers 15h. Il devrait se déplacer à Had-Shary et Bouiret-Lahdas vers 16h30. Derrière lui, il a laissé une wilaya pauvre malgré les grosses enveloppes financières dépensées çà et là. Une wilaya sans ressources avec des taux d'analphabétisme de 63% et de chômage qui avoisine les 40%. Avec une nouvelle enveloppe de 450 milliards de centimes, un programme supplémentaire pour l'année 2003, Bouteflika affiche “officiellement” ses intentions pour… un nouveau mandat. Pour l'instant, le mot de la fin est loin d'être dit. Car, il est prévu prochainement une visite de Ali Benflis et de Taleb El Ibrahimi à Djelfa, indiquent-on, de sources sûres. L. G.