Maître Aïd parle au nom de son client qui se plaint de poursuites de faits commis au pôle Nord et où il y est totalement étranger... Maître Nassima Aïd, l'avocate de Moham-med M., inculpé de blessures volontaires, n'avait pas voulu trop s'attarder sur les faits de ce dossier dont les tenants et aboutissants s'étalaient sur des agressions de couples qui prennent un malin plaisir à se promener sur les plages de Zéralda. Et depuis fort longtemps, cette manière de faire est haram et donc illicite, interdite, proscrite par la force de la loi. Mais pour l'avocate, il n'y avait ni racolage, ni... recollage, ni taquineries, rien de rien. Elle était arrivée très tôt au tribunal. Elle était debout, le cou entre les épaules, telle une tigresse, prête à sauter sur sa proie à offrir aux petits qui attendaient sous le regard hagard, out, du papa tigre qui adore continuer sa sieste alors que «madame» sortait chasser. Et telle la tigresse, Maître Aïd saute au cou de l'interpellation de Mohammed.H, vingt cinq ans, récidiviste, sept condamnations pour coups et blessures et neuf autres pour tentative d'agression. Auparavant, la présidente avait pris la précaution de parcourir le casier judiciaire à deux... tomes! «Les gendarmes lui ont tout mis sur le dos: même les agressions auxquelles il n'a jamais participé», s'était écriée, plus que scandalisée, l'avocate de Chéraga, qui avait rappelé les sept agressions pour lesquelles il est jugé ce mardi. Ouahiba Mezaâche, la juge, semble s'amuser lorsque le détenu lui avait juré que même si sa spécialité demeurait l'agression, visage masqué ou tête encagoulée, cette fois «je n'y suis pour rien. Je suis un homme, je dis la vérité. Croyez-moi, c'est la stricte vérité», avait répondu l'inculpé à une question parmi tant d'autres de la présidente et du procureur Zaïm. Ce dernier, en sa qualité de poursuivant, ne rate jamais une occasion de tenter, par des questions pièges de coincer les inculpés qui ne veulent pas reconnaître l'évidence même. Et l'évidence est vérifiable à la lecture du procès-verbal des gendarmes, réputés raides, secs et jamais complaisants. Et sur les procès-verbaux, nous notons, outre quatre agressions sur la plage Khelloufi, deux autres à l'ouest de la plage touristique et la septième aurait eu lieu à l'extrême est du complexe de Zéralda. Sept actions nuisibles dans trois endroits éloignés l'un de l'autre: voilà un élément de défense pour Maître Aïd qui s'est employé à casser le sucre sur le dos de certains éléments de la police judiciaire qui ne font pas dans la dentelle. «On effectue d'efficaces descentes, de nombreuses descentes que dans la foulée, on prend un jeune et on le balance dans le puits de l'inculpation. Ce n'est pas gentil, même pour ce récidiviste qui vous a dit sa bonhomie lorsqu'il s'attaque aux couples et qu'il se fait un plaisir de réaliser ces actions condamnables à plus d'un titre», a chantonné l'avocate qui a martelé à la face du tribunal, que cette fois-ci, ce n'est pas lui le coupable. Ouahiba Mezaâche la magistrate du siège, arbore son plus beau sourire et siffle sans crainte d'être ridicule ou «haggara». «Et pourtant, il a tout reconnu devant les gendarmes et le parquet. Alors, où est donc le mal?», marmonne-t-elle. Zaïm qui avait requis une lourde peine de trois ans d'emprisonnement ferme s'était tu et s'est cantonné dans un silence éloquent, même si le vacarme soulevé par le défenseur de Mohammed.H, allait dans le sens souhaité par tout avocat qui plaide la relaxe, car le justiciable est vraiment innocent. A l'issue d'une courte mise en examen, Mohammed est relaxé et les sept agressions verront leurs auteurs courir dans la nature. Alors à quoi bon retenir ce pauvre récidiviste? La juge a jugé sur pièces. Et les pièces n'y étaient pas. C'est tout à l'honneur de la justice que...justice soit rendue avec tant de lucidité. Et s'il est vrai que tout comme son avocate, Mohammed.H, a soulevé un brouhaha assourdissant juste pour crier son innocence, Mezaâche a bien étudié le dossier d'où elle a puisé sa sage décision. La joie n'est pas tant la relaxe, mais la manière avec laquelle s'est déroulée surtout l'audience, car il est utile de le préciser, que depuis un certains temps, un vent de mécontentement souffle sur ces audiences où d'excellents avocats avouent leur impuissance à être à la hauteur de leur mission, vu que les «coulisses» s'étaient emparé du dossier. Et qui dit «coulisses» sait qu'elle mènent droit sur l'antre de la pègre, le couloir de la mafia, cette bande invisible qui agit dans le noir. Mais attention, les peuples, contrairement aux Etats, savent s'y prendre pour «tuer la bête immonde».