«Pour un acteur, la caméra est l'oeil du public.» Robert Bresson "Extrait de Notes sur le cinématographe". Caméra Chorba 2 la série loufoque de Karim Khedim est en train de remporter un succès étonnant sur l'Unique malgré la concurrence de Djemaï Family 3 et de Zayen Saadek sur Nessma TV. Ça reste d'ailleurs, la seule série qui a fait rire le plus le téléspectateur algérien en prime time. En plus de la qualité technique irréprochable, Caméra Chorba 2 excelle dans les situations, à la fois originales et nouvelles. Et dans ce domaine, le réalisateur et scénariste Karim Khedim est très fort. La série est cosmopolite et régionale, puisqu'il donne le moyen d'expression à plusieurs régions de l'Algérie et certains pays limitrophes ou voisins. Ce sont les Algérois, qui maintiennent comme d'habitude, la palme, bien représentés par le très présent, durant ce Ramadhan, Hamid Achouri plus rigolo et plus efficace que dans les sketchs, Houa oua houa diffusés pourtant quelques minutes avant. Avec l'épisode du Camping à Hammamet, Caméra Chorba 2 a donné une image sucré-salé et très réelle de la famille algérienne, (toujours forte dans el kfaza ou la débrouillardise). L'épisode du BBQ a également montré que les touristes algériens sont très présents en Tunisie et que parfois ils savent être solidaires. La série a choisi cette fois de transférer la famille kabyle en France. Même si cette famille venue de «taddart» ne parle pas kabyle seulement, mais aussi l'arabe kabylisé. On notera aussi la très bonne performance de Adila Bendimerad qui joue la belle-fille française Marguerite. Elle passe vraiment comme Isabelle Adjani quand elle avait 20 ans. La région de l'Oranie est composée d'une famille algérienne dont le jeune s'appelle Houari comme tous les Hamraoua et d'une famille chinoise. Si dans la première saison, Karim Khedim avait ramené un Chinois, cette fois il a réussi le challenge de ramener une famille composée de trois Chinois dont une femme. Et ils parlent tous l'arabe... dialectal SVP. Dans l'épisode de dimanche, le plus rigolo de la série, il a incorporé un personnage égyptien. Un message de réconciliation lancé aux Masry qui continuent de narguer les Algériens dans le domaine sportif. La famille constantinoise existe également, avec des comédiens de la région. Bref, Caméra Chorba a réussi là ou Djemaï family a échoué, réunir toutes les régions du pays autour du petit écran de l'Unique. Et pourtant, cette série n'était pas dans les calculs de l'Entv. Produite indépendamment, en coproduction avec Nessma TV, elle offre le point de vue d'une télé qui zappe, qui passe d'un foyer à un autre, avant, après, ou à l'heure de la chorba, un soir de Ramadhan. C'est le zapping à l'envers où un ou plusieurs spectateurs regardent le quotidien d'une famille et une tranche de vie prise sur le vif. A mi-chemin entre le Zapping de Canal + et la Caméra Café de M6, ce concept peut être adapté à des situations plus cocasses et plus originales.