Comme promis, le plus grand monocoque de course du monde est arrivé, mardi matin, accostant le port d'Alger après huit mois de traversée, plus au moins «houleuse», mais ô combien enrichissante sur le plan humain et littéraire. «Portes d'Afrique» est le nom de baptême de cette magnifique aventure initiée par le grand reporter pour Le Figaro, Arnaud de la Grange qui, hélas, n'a pu être présent à Alger. Alors pour en parler et faire partager leurs émotions et leurs vives impressions après chaque escale aux portes de l'Afrique, une conférence de presse s'est tenue, hier matin, au Palais des Raïs (Bastion 23), animée par MM.Michael Pitiot, coorganisateur de cette folle pérégrination, Alban Tarnaud, journaliste- coordinateur, et, bien évidement, Abderrahmene A. Waberi, l'écrivain djiboutien qui est monté à bord de ce voilier et bien sûr s'est inspiré, comme l'ont fait les 12 écrivains avant lui, de cette belle lucarne d'Afrique, en l'occurrence ici, notre baie d'Alger. D'un port à un autre, chaque écrivain, en se relayant, a pu jeter sa bouteille de mots et de poésie pour faire apprécier aux autres la magie et surtout donner la «vraie» image de l'Afrique. La dernière étape de ce long voyage a vu le déplacement depuis Tanger à Alger, de notre ami A. Waberi. «L'idée, dit-il, c'est d'écrire une nouvelle, un texte de fiction à partir d'impressions qu'on a eues à chaque escale», et de relever: «J'avais le désir de venir depuis longtemps en Algérie parce que je suis imbibé de littérature algérienne, essentiellement francophone. C'est un phantasme que je réalise.» Pourquoi découvrir spécialement l'Afrique? «C'est une manière d'embellir le regard. Un message destiné aux Occidentaux et de dire modestement, arrêtez votre cinéma! Car on parle souvent de l'Afrique avec l'image de la guerre au Sierra Leone, les attentats en Algérie, la guerre civile en Somalie...Même si cela ne signifie pas grand-chose, l'important c'est de donner une tout autre image. Un regard autre et positif sur l'Afrique.» Partie de Toulon, cette aventure maritime et littéraire, a démarré depuis Port-Saïd en Egypte où c'est Jean-Marie Gustave le Glézio, grand écrivain français, qui a rejoint l'équipage en premier. La suite de la traversée ne se fera pas sans quelques galères liées à la fragilité du bateau à l'instar d'un mât qui se fissure, à l'escale de Massaoua et qu'il faudra bien réparer pour continuer sa route ou encore un cyclone au canal du Mozambique, ou le mauvais temps auquel il fallait faire face...L'essentiel, c'est que le bateau soit arrivé à bon port avec tous ses passagers, sains et saufs. Le 31 juillet, il retournera à Toulon avec cette fois-ci, l'écrivain Erik Orsenna et la boucle sera bouclée.