De plus en plus de voix s'élèvent pour dire que les deux hommes doivent aller vers des concessions afin de ne pas servir de tremplin à un troisième candidat, islamiste sans aucun doute. Par-delà les actes de déprédations, condamnables à plus d'un titre, commis contre des sièges du FLN et les actions soutenues par l'administration en vue de remettre en cause le dernier congrès de ce parti, se pose avec de plus en plus d'acuité les risques de voir cette formation politique se déliter au profit de quelque autre candidat, qui tirerait facilement les marrons du feu en devenant président, profitant ainsi des déchirements qui touchent actuellement la famille nationaliste. Les comptes rendus de nos correspondants, un peu partout dans le pays, font en effet, état de la présence de militants du FLN résolus à tenir tête à leur direction et à soutenir une éventuelle candidature du Président Bouteflika. Même si le phénomène est loin d'être important en ce moment, il n'en pose pas moins le problème du risque d'éparpillement des voix majoritaires du premier parti du pays. Les observateurs sont, de la sorte, de plus en plus nombreux, à craindre que «ce conflit ne débouche sur un scénario-catastrophe pour le FLN et pour le courant nationaliste en ouvrant grande la voie devant un troisième candidat, un islamiste selon toute vraisemblance». Il n'échappe, en effet, à personne que ce courant est classé deuxième dans le pays. La sortie de prison des deux leaders de l'ex-FIS et les pérégrinations de Ali Benhadj visent à redonner du punch à cette mouvance puisque les contacts qui se sont multipliés ces derniers temps avec des leaders islamistes bien connus auraient porté sur quelque éventuel report de voix de ce qui reste de l'ex-FIS en faveur de l'un de ses candidats, Saâd Abdallah Djaballah, croit-on savoir. Ce dernier, est-il besoin de le rappeler, a été pris pour exemple par le chef d'état-major, Mohamed Lamari, lorsqu'il a parlé de l'accord de principe de l'institution militaire pour qu'un islamiste prenne démocratiquement le pouvoir en Algérie puisque la République n'est plus en danger. Les islamistes, à la faveur du ramadhan, reprendront davantage de poil de la bête, transformant les mosquées, et même les marchés, en lieu de propagande politicienne. Ainsi, de nombreux observateurs et analystes, qui rappellent que «le FLN reste la meilleure, sinon la seule garantie que le pays ne tombe jamais dans les rets de l'islamisme politique», précisent que «aussi bien Benflis que Bouteflika doivent aller vers des concessions, qui n'entament en rien leurs principes, dans le but d'éviter qu'un pareil scénario ne se produise». Les mêmes sources ne laissent pas d'ajouter que «Benflis, avec sa rectitude politique et intellectuelle, demeure l'homme de l'avenir». Bouteflika, qui a pour lui un bilan jugé positif sur le plan diplomatique alors que des avancées et des reculs ont été enregistrés sur les autres plans, voit de jour en jour ses chances s'amenuiser. Il ne fait plus de doute, aux yeux des observateurs, qu'en matière de concessions à faire de part et d'autre, un des deux hommes devrait se retirer au profit de l'autre, du FLN et du pays. C'est en ce sens, justement, qu'un consensus est des plus souhaitables avant que les choses n'aillent trop loin.