Les pro-Benflis ont implicitement admis la dissolution de la direction issue de la rencontre de lundi passé. Les deux tendances FLNistes, qui se disputent à fleuret moucheté le contrôle du parti, ont tenu une seconde rencontre ce jeudi, entre 10 heures du matin et midi, au siège national, sis à Hydra. Outre Belkhadem et Djeghaba, les deux tendances se sont fait accompagner par les membres de leurs directions respectives, notamment Abdelhamid Si Afif, Abdelkader Hadjar et Mohamed-Seghir Kara pour le premier, Abdelkrim Abada, Belkacem Zidouk et Sadek Bouguettaya pour le second. L'ensemble des présents, apprend-on, ont reçu pour instruction de ne faire aucune déclaration à la presse en attendant que les tractations aboutissent sur la mise en place d'une direction collégiale chargée de gérer les affaires courantes du FLN, mais aussi une commission qui aura pour mission principale la tenue d'un autre 8ème congrès, rassembleur celui-là. C'est, du reste, la teneur substantielle de la déclaration rendue publique le jour même. Signée par Abdelkrim Abada, celle-ci demeure très vague sur les aspects techniques et fonctionnels liés à cette «réconciliation» dans laquelle il n'y aurait ni vainqueur ni vaincu. La déclaration, en outre, scelle le retour officiel du FLN à la «légalité» puisque le cachet du parti y figure au moment où une demande a été transmise à qui de droit, afin de lever les restrictions sur les comptes du FLN pour lui permettre d'activer normalement et de faire face aux dépenses liées aux préparatifs de ses assises, jugées imminentes par tous. L'explication nous en est fournie par des sources proches de cette rencontre. «Rien n'a encore été décidé sur la composition de la direction temporaire chargée de gérer les affaires courantes du FLN». Les tractations sont encore plus âpres à propos de la commission chargée de la préparation du 8ème congrès, cela sans parler des directions locales devant logiquement tomber entre les mains des coordonnateurs du mouvement de redressement au détriment des mouhafedhs. Notre source va encore plus loin pour dire que «si c'est Benflis qui avait gagné, il ne fait aucun doute qu'il aurait laminé notre mouvement. Si nous, en notre qualité de vainqueurs, nous optons pour le dialogue et le rassemblement des rangs, il est quand même hors de question pour nous que des gens qui insultaient hier encore le président Bouteflika fassent partie de ces deux commissions». Des voix s'élèvent carrément pour reprocher au coordonnateur national du mouvement de redressement sa trop grande «diplomatie» à un moment où le ton devrait être aux concessions de la part des vaincus qui doivent apprendre à assumer leurs choix et erreurs politiques, comme c'est le cas dans toutes les démocraties du monde. Le mouvement de redressement, afin de poursuivre les tractations en rangs serrés avec l'autre aile, a tenu deux réunions de coordination jeudi et vendredi pendant la nuit. Il a été également question de la composition du prochain gouvernement, de la place qu'aura le FLN rénové et de la nécessité de rester première force politique dans le pays, refusant coûte que coûte de se laisser distancer par un RND qui attend sagement son heure. Nos sources, qui enchaînent sur les quelques avancées réalisées lors des deux rencontres tenues entre les deux ailes du FLN sous la direction de Djeghaba et Belkhadem, soulignent que «la direction issue du de la session extraordinaire du 7ème congrès a été dissoute de facto partant du principe que l'on se dirige vers la mise en place d'une nouvelle structure». Notre source, rappelle l'appel qui avait été lancé par le mouvement de redressement sous la signature de Belkhadem afin d'appeler les membres du comité central à boycotter la rencontre à laquelle avait appelé Benflis. Il est, à ce titre, précisé que «les signatures de plus de la moitié des membres de cette structure ont été récoltées. Nous ne reconnaissons donc pas cette rencontre, ni les décisions qui en ont émané, et encore moins le quorum qu'elle est supposé avoir atteint simplement grâce au précieux concours de certains députés, membres du CC, gelé par la justice... etc.». Il est ajouté que «tant que les questions relatives à l'exclusion des gens qui s'étaient distingués par leurs virulentes attaques contre le président, ne seront pas définitivement tranchées, au sein même du mouvement de redressement, il n'est pas question d'aller vers de nouvelles rencontres avec l'autre aile tant que ces questions primordiales pour le devenir du FLN et des animateurs du mouvement ne seront pas tranchées». C'est pourquoi il nous a été impossible, hier, de confirmer l'information qui faisait état d'une troisième rencontre, aujourd'hui, entre les deux ailes composant ce parti. En attendant, les tractations de coulisses vont bon train. Belkhadem en personne, dans une déclaration faite récemment à un confrère, a laissé entendre que des appels seraient lancés à Mouloud Hamrouche et Abdelhamid Mehri afin de participer à la réussite de ce 8e congrès, dit de la réconciliation. Hamrouche, dans un entretien paru jeudi, n'a pas démenti l'information et n'a pas non plus opposé une fin de non -recevoir à cet appel, préférant sans doute observer la suite des événements avant de prendre la moindre décision.