La Kabylie est de nouveau la cible des groupes terroristes. Attentats kamikazes et attaques terroristes meurtrières font de cette région, depuis trois mois, une véritable poudrière. Le climat sécuritaire est devenu très tendu. Les hordes terroristes tentent de frapper fort. Jusque-là, toutes les tentatives ont été vouées à l'échec grâce à la vigilance des forces de sécurité, aidée en cela par les citoyens sans lesquels la lutte contre ces criminels serait sans issue. La question qui nous taraude l'esprit, est pourquoi ce fulgurant regain de violence? Al Qaîda, qui est à l'origine de ces attaques a revendiqué, jeudi dernier, dans un communiqué, l'attentat à la voiture piégée qui a eu lieu dimanche dernier contre la première Sûreté urbaine du Centre-ville de Tizi Ouzou. C'est du moins ce que rapporte le Centre américain de surveillance des sites islamistes. Selon le communiqué, un kamikaze à bord de sa voiture piégée, répondant au nom d'Anas Abou Al Nadher, s'est directement lancé contre le commissariat de police. Le bilan officiel, contrairement aux rumeurs, a été de 33 blessés légèrement touchés, en majorité des civils. La région de la Kabylie est-elle condamnée à vivre les attentats? Mardi, c'est une patrouille de police qui accroche trois terroristes dont le sinistre El-Khachkhache, à Béni Aïssi. Sur la route de cette même localité, le chef de Sûreté de Béni Douala fut la cible de tirs terroristes alors qu'il était à bord de son véhicule avec son chauffeur. Ce dernier ainsi que celui qui transportait des passagers d'un bus seront tués sur le coup. Jeudi, un officier de l'ANP a échappé à un autre attentat près d'Azeffoun, alors que vendredi les forces de sécurité ont enregistré une incursion à 18 km du chef-lieu de la wilaya. Il ne serait donc pas exagéré de dire que la région fait face à une sérieuse menace terroriste et des sources sécuritaires n'écartent nullement d'autres attaques. Pour eux, le pire est à craindre. La situation est d'autant plus dangereuse que certains renseignements confirment que les terroristes sévissant encore en Kabylie ont été fournis en armements, mais surtout en explosifs. Zone de repli des groupes terroristes, la wilaya de Tizi Ouzou est particulièrement connue par son relief accidenté et difficile d'accès et sa dense végétation. Nos services de sécurité ont une expérience avérée, que ce soit sur le plan logistique ou matériel mais si aujourd'hui le Gspc, branche présumée d'Al Qaîda, a réussi à bien s'implanter dans la région, c'est suite au départ de la Gendarmerie nationale en 2001. Ces services remplissaient un rôle primordial dans cette zone. Cependant leur départ a permis, selon des sources bien informées, à Droukdel de bien préparer le terrain et de s'autoproclamer n°1 du Gspc en 2003 devenu Al Qaîda au Maghreb, en septembre 2006. Maintenant que ces criminels sont bien imprégnés et en parfaite connaissance du terrain, ils sont capables de surprendre encore. En effet, depuis trois mois qu'on assiste aux attaques à l'explosif contre des convois et aux attentats-suicides. Un fait difficile à contrecarrer, sauf par l'exploitation efficace du renseignement. Cette montée de la violence, nos sources la lient au trafic d'armes en provenance de la Libye. Les deux faits ne peuvent être dissociés, à leur connaissance. Même si la situation est inquiétante en Kabylie, elle l'est davantage au niveau des frontières algéro-libyennes, surtout avec cette infiltration via la Tunisie d'islamistes, en plus des quantités d'armes et de munitions qui circulent dans le Sahel et aux frontières algériennes. Nos sources n'ont aucun doute quant à l'acheminement de ces armes vers le Nord, même si certains officiels du gouvernement le réfutent. Ce qui confirme la présence des armes en provenance de la Libye dans le nord du pays, ce sont des détonateurs qui ont été interceptés par les gardes-frontières basés à Debdeb au sud-est, à proximité de la frontière libyenne et avec lesquels les terroristes avaient déclenché les attaques à l'explosif contre les forces de sécurité. Mieux encore, confient nos sources, les armes récupérées sur les corps de certains terroristes abattus aux frontières, lors des tentatives d'infiltration avec des lots d'armes, sont de fabrication occidentale. Dans une des opérations, un quotidien arabophone citant des sources sécuritaires avait fait état de la saisie, à Debdeb, de plus de 200 fusils-mitrailleurs et des caisses de munitions. C'est dire que la lutte antiterroriste est ouverte pour les forces sécuritaires sur tous les fronts. La tâche ne sera pas facile... La vigilance prime, selon nos sources, car on peut s'attendre à des surprises...