Pour le chef de l'Etat, la sortie de la crise est possible, pour peu que prévalent le pardon et la paix. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire français, le Figaro-Magazine, qui paraît aujourd'hui, le Président Abdelaziz Bouteflika s'est exprimé sur pratiquement toutes les questions locales, régionales et internationales de l'heure qui intéressent les deux pays, l'Algérie et la France. Tout d'abord sur l'état de la situation sécuritaire et son corollaire la lutte contre le terrorisme, le chef de l'Etat algérien a estimé que «si les Algériens continuent sur la lancée à s'accepter les uns les autres, (...) l'Algérie s'achemine vers le dénouement de la crise.» Bien plus, selon lui, «le pardon et la paix sont possibles» dans notre pays. Cette formule donne une idée sur la manière avec laquelle le Président entend faire sortir le pays de la durable crise qui ronge la société algérienne à travers l'affrontement idéologique et politique entre ceux qu'on appelle les éradicateurs et leurs vis-à-vis, les réconciliateurs et dont l'action et l'activisme respectifs se manifestent autant dans les institutions de la République qu'au niveau du discours de la classe politique. S'agissant de la gestion des suites du terrible tremblement de terre du 21 mai dernier qui n'a pas manqué de susciter polémiques et controverses par presse interposée entre les pouvoirs publics et leurs détracteurs, le Président Bouteflika a balayé, d'un revers de la main, les critiques faites à l'action de ceux qui ont été chargés de gérer ce tragique drame. Il a ainsi récusé les «défaillances» que l'on a reprochées à son gouvernement, les qualifiant ni plus ni moins que de «contrevérités». D'ailleurs, «les premiers relogements des familles sinistrées ont eu lieu (...) le dispositif mis en place pour la reconstruction fonctionne». Quant à la crise de la Kabylie et ses différentes péripéties qui ont alimenté la scène politique algérienne depuis avril 2001, le chef de l'Etat a seulement fait état d'une baisse de tension dans la région, sans s'étaler sur le sujet, peut-être pour ne pas interférer et, partant, anticiper les initiatives de dialogue amorcées entre le pouvoir et les ârchs. Toutefois, dans cet entretien, dont des extraits ont été rapportés par l'Associated Press (AP), le Président Bouteflika, s'est refusé à dresser un bilan de ses réformes économiques - privatisation du secteur public, modernisation du système bancaire - jugeant que c'est encore «prématuré». Cela ne veut pas dire qu'il ne veut pas faire ce genre de bilan, puisqu'on dit que le chef de l'Etat aurait déjà demandé à plusieurs membres de l'actuel Exécutif de lui dresser un bilan complet et détaillé de leurs départements respectifs dans les délais appropriés, surtout que l'échéance de l'élection présidentielle approche à grands pas. Ce n'est donc qu'une question de temps ou de calendrier, Bouteflika sachant qu'il va être évalué lors de la prochaine consultation électorale sur les actions entreprises dans tous les domaines d'activité, durant la période de son mandat à la magistrature suprême. Sur un autre plan, diplomatique notamment, Abdelaziz Bouteflika a donné son appréciation de la visite du président français, Jacques Chirac en mars dernier dans notre pays, sur l'organisation de l'Année de l'Algérie en France et sur les actions de solidarité françaises pendant le séisme qui a touché Alger et sa périphérie Est. Bref, sur le volet des relations entre Alger et Paris, Bouteflika a parlé d'«un tournant décisif dans la coopération bilatérale» et salué ce qu'il a appelé le rôle «déterminant» du chef de l'Etat français. Enfin sur le conflit du Proche-Orient, le chef de l'Etat a été sans équivoque, demandant à Israël de «revenir à la raison en oeuvrant pour une paix réelle», relevant au passage que les Palestiniens ne cessent de faire «concession sur concession sans contrepartie». Poussant le fond de sa pensée jusqu'au bout, Bouteflika a aussi appelé les choses par leur nom concernant ce dossier en affirmant que «les Palestiniens ne peuvent être assimilés ni à des terroristes ni à des bandits. C'est un peuple qui lutte pour sa survie et sa dignité.».