Khalifa, l'ANP, la relance économique, la concorde civile et tous les sujets brûlants du moment ont été abordés par le Président dans l'entretien qu'il a accordé à l'hebdomadaire. Bouteflika est-il déjà entré en campagne? C'est la question qui se pose à la lecture de l'entretien accordé hier par le Président algérien au Figaro-Magazine, dans lequel il est revenu sur tous les sujets chauds du moment, tout en dressant un bilan de sa législature. Interrogé sur sa candidature, Bouteflika a préféré se réserver l'effet de surprise en indiquant: «Vous le saurez en temps voulu.» Ce qui ne l'empêche pas de mettre en exergue l'ensemble des acquis tant politiques que diplomatiques et économiques réalisés sous sa gouvernance, ajoutant juste, en réponse à certaines questions, que «la presse algérienne a le droit de dire ce qu'elle veut, y compris de balancer des contrevérités». Impossible de savoir s'il y a là quelque allusion à l'affaire Zerhouni puisque aucune question ne lui a été posée à ce sujet. L'armée, en revanche, a été remise sur le tapis. A la question relative aux rumeurs indiquant que ce serait elle qui ferait et déferait les présidents, prenant les décisions à leur place, le chef de l'Etat a clairement indiqué que «les rapports entre le Président de la République et l'institution militaire sont régis par la Constitution. C'est dans ce cadre, et uniquement dans ce cadre, que s'exerce le pouvoir.» S'agissant de la concorde civile, le Président a indiqué que «ce texte, plébiscité par tout le peuple algérien, se trouve derrière la très notable amélioration de la situation sécuritaire en Algérie». Bouteflika, au passage, révèle que pas moins de 6000 terroristes ont rendu les armes et réintégré leur foyer. Il admet, au passage, contrairement à ce que prévoyaient cette loi et les commissions de probation y afférentes, que le pardon est à la base de cette esprit et qu'au erroriste n'a été jugé. A propos de la chute du méga-groupe Khalifa, le Président a voulu survoler le sujet en le noyant dans ce qui se passe un peu partout dans le monde alors qu'il sait qu'ici les choses sont nettement «différentes». Il a, en effet, déclaré que «l'économie algérienne ne reposait pas sur ce groupe qui a vu le jour en 1998. En outre, d'autres sociétés en Algérie et ailleurs ont connu des faillites. Il n'y a donc là rien d'extraordinaire. S'il peut y avoir un impact, c'est que cela serve d'enseignement pour les autres entreprises.» Bouteflika, qui salue au passage le grand rapprochement politique et économique entre l'Algérie et la France, admet que cela n'a pu se faire que grâce à la personnalité de «gaulliste visionnaire» de Jacques Chirac. Il enchaîne pour dire que les Américains comprennent beaucoup mieux la situation en Algérie et sont devenus un des principaux partenaires de l'Algérie. Mieux, ces relations, selon le Président, qui ne se gêne jamais de parler au futur comme si un second mandat ne posait pas de problème pour lui, sont appelées à prendre encore plus d'ampleur dans un proche avenir, de même que les institutions financières internationales, en dépit de leurs visions souvent étriquées, ont des relations beaucoup plus «correctes» avec l'Algérie. Bouteflika, qui n'hésite pas non plus à parler de ses relations avec le roi marocain, Mohammed VI, qualifie celles-ci de «bonnes», ajoute finement ne voir aucune raison qui ferait que ces relations ne le soient pas. Quant aux islamistes modérés, desquels les étrangers, investisseurs et autres, ne devraient pas avoir peur, leur poids réel dans la société est «celui représenté dans les institutions actuelles pour lesquelles des élections, absolument transparentes, ont eu lieu». Curieusement, le chef de l'Etat n'a pas été interrogé sur l'affaire des touristes européens enlevés dans le Sud algérien ni sur les attaques menées contre le FLN et ses ripostes, quelques jours à peine après le départ de son secrétaire général de son poste de Chef du gouvernement. Le journaliste a préféré couvrir de lauriers le Président pour avoir su rassembler une classe politique jusque-là éparpillée...