Tous les responsables européens ont promis l'aide de l'Europe à la mise en place (en Libye) de nouvelles institutions démocratiques et pour faire repartir l'économie nationale exsangue. La «fin du régime d'El Gueddafi» se rapproche, a estimé hier l'Union européenne, appelant à des élections libres rapides en Libye et en jugeant que l'effondrement du pouvoir à Tripoli donnerait «un nouvel élan» au printemps arabe, pendant que la contestation continue en Syrie. «Nous assistons à la fin du régime d'El Gueddafi», a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, dans un communiqué. «J'appelle El Gueddafi à quitter le pouvoir immédiatement et à éviter que davantage de sang ne soit versé», a-t-elle ajouté. Au-delà, l'UE a adressé un avertissement voilé au président syrien Bachar Al Assad, qui à ses yeux pourrait connaître à terme le même sort. Il avait rejeté dimanche l'exigence des pays occidentaux de son départ du pouvoir. «Les événements en Libye donnent un nouvel élan au printemps arabe. La quête des peuples de la région pour la liberté et la dignité va continuer», ont souligné de leur côté dans une déclaration commune les présidents de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, et de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Le gouvernement britannique s'est montré encore plus explicite sur le sujet. «Il est temps qu'Assad s'en aille», a estimé le vice-Premier ministre britannique Nick Clegg, dans un discours à Londres, «il est aussi hors sujet pour l'avenir de la Syrie que El Gueddafi pour la Libye». La Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères a dans l'immédiat exhorté la rébellion libyenne «à garantir la protection des civils, à respecter pleinement le droit humanitaire et les droits de l'homme internationaux et à agir avec le sens de la responsabilité en vue de maintenir la paix et la stabilité dans tout le pays», a-t-elle dit. Les Européens craignent que la chute du régime du colonel El Gueddafi, après plus de quatre décennies d'un régime autoritaire, ne donne lieu à des règlements de comptes qui compliqueraient les efforts de réconciliation nationale. «Nous ne voulons voir aucune représaille, nous voulons que chacun en Libye puisse être impliqué dans le processus de reconstruction du pays, y compris ceux qui pourraient avoir été identifiés par certains comme liés au régime d'El Gueddafi», a souligné le porte-parole de Mme Ashton, Michael Mann. L'UE a en outre insisté pour que le colonel Mouamar El Gueddafi, son fils Seif el-Islam et le chef des services de renseignement libyens Abdallah Al-Senoussi, qui font l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité, soient transférés à La Haye en cas d'arrestation. «Ils ont été inculpés par la Cour internationale et nous espérons qu'ils lui seront remis afin qu'ils puissent être jugés», a déclaré Michael Mann. «Tous les responsables européens ont promis l'aide de l'Europe à la mise en place (en Libye) de nouvelles institutions démocratiques et pour faire repartir l'économie nationale exsangue. Sur le plan politique, un porte-parole de la Commission, Olivier Bailly, a rappelé que l'exécutif européen avait il y a longtemps déjà demandé au Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion libyenne dont le siège est à Benghazi, de travailler à «l'organisation et la supervision d'élections libres aussi vite que possible». L'UE souhaite également «la création d'un système judiciaire et d'un système administratif efficace, le développement d'une société civile et de médias libres», ainsi qu'une «réforme du secteur de la sécurité, public ou privé», a dit ce porte-parole, Olivier Bailly. Dans ce dernier domaine, «des projets menés par l'UE sont déjà en cours depuis le mois juillet», a-t-il dit.