Le flou qui entoure l'affaire renseigne sur la gêne dans laquelle ont été mises les autorités algériennes. «Les quinze otages enlevés au Sahara, parmi lesquels figurent quatre Suisses, se trouvent très vraisemblablement au Mali», a précisé, jeudi dernier, à la presse l'ambassadeur, Blaide Godet, confirmant les affirmations d'un diplomate allemand, quelques jours auparavant. Cette confirmation est venue aussi contredire les propos des diplomates maliens qui avaient soutenu, au lendemain de l'information donnée par une chaîne de télévision publique allemande, la ZDF, et qui donnait les otages européens au Mali comme officielle : «Aucun otage ni preneurs d'otages ne se trouvaient au Mali.» L'ambassadeur suisse, Blaide Godet, concède, toutefois, que les informations concrètes manquent pour cerner l'affaire. «Berne ne dispose toutefois pas encore de preuves irréfutables», a ajouté le chef de la section politique du ministère suisse des Affaires étrangères. Il s'agit maintenant de déterminer le lieu exact de la détention, a encore déclaré M.Godet, qui a précisé que Berne entendait envoyer samedi un expert de la police judiciaire fédérale à Bamako, capitale du Mali. Quinze otages (dix Allemands, quatre Suisses et un Néerlandais) ont été pris en otages dans le Sahara algérien entre la mi-février et la mi-mars. Un diplomate allemand, sous le couvert de l'anonymat, a déclaré, mercredi, que les touristes européens étaient «presque certainement» sur le territoire malien. Une délégation suisse s'est rendue mercredi à Berlin pour y rencontrer le secrétaire d'Etat allemand, Jurgen Chrobog, après l'entretien qu'a eu ce dernier, mardi soir, avec le président du Mali, Amadou Toumani, sur le sort des quinze touristes. Le diplomate suisse n'a, en outre, pas voulu donner de détails sur les discussions allemandes au Mali, dans l'intérêt des touristes enlevés. Les efforts pour les libérer sont toutefois intensifs, a-t-il assuré. Beaucoup de zones d'ombre persistent dans cette affaire qui dure, depuis, pratiquement cinq mois. On peut, par exemple, trouver bizarre l'idée des ravisseurs de se déplacer de Tamerlik dans la périphérie d'Illizi, au nord du Mali, traversant quelque 600 km. D'où la thèse, déjà avancée par le Président de la République, de laisser une «sortie» aux ravisseurs. En fait, si l'information se confirme, ce groupe, qui se réclame du Gspc, aura réussi le pari insensé de quitter le territoire algérien à «moindres frais» et peut-être même en emportant avec eux la rançon demandée. L'antécédent du Gspc aura été, encore si l'information se confirme, d'avoir créé un précédent dans ses rapports de force avec l'armée et d'avoir réussi à «négocier», ce que l'état-major de l'armée n'a pas fait auparavant. C'est, évidemment, sur insistance du Président de la République, lui-même, que les troupes spéciales de l'armée ont desserré l'étau et laisser les ravisseurs négocier directement avec les pays concernés par les otages, notamment les Allemands. Mais on devine aisément que l'option politique n'a pas été au goût des stratèges militaires.