L'ancien ministre de la Justice s'apprête à prendre la place de son ex-Guide «Les jeunes révolutionnaires ont écrit une page épique et héroïque de notre Histoire.» Une nouvelle Libye, version CNT, se profile à l'horizon. La chute de Mouamar El Gueddafi est donc imminente. C'est du moins ce qui ressort de la conférence de presse animée hier à Benghazi, fief des rebelles, par Mustapha Abdeljalil, chef du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion en Libye. S'exprimant au cours de cette conférence, l'ex-ministre de la Justice d'El Gueddafi, passé à la rébellion, Mustapha Abdeljalil, dit ignorer où se trouvait pour le moment Mouamar El Gueddafi, expliquant que plusieurs secteurs de la capitale n'étaient pas encore sous contrôle des rebelles dont celui abritant la résidence du colonel libyen. Dans le même ordre d'idées, il a soutenu qu'une nouvelle ère s'ouvre décidément pour les Libyens ayant entamé une révolution contre le régime du clan El Gueddafi depuis 6 mois. «L'époque de Mouamar El Gueddafi est désormais révolue. Je voudrais féliciter le peuple libyen pour cette victoire historique. Les jeunes révolutionnaires ont écrit une page épique et héroïque de notre histoire», s'est-il félicité», avant d'ajouter que «la liberté, la démocratie, la transparence et le respect des droits de l'homme dans un cadre islamique modéré seront donc les fondements de la nouvelle Libye, extirpée des griefs de Mouamar El-Gueddafi, au pouvoir depuis septembre 1969». C'est dire à l'évidence que 42 ans après, le même peuple qui avait applaudi la chute du roi Driss Senoussi et l'arrivée au pouvoir de Mouamar El-Gueddafi, qui a aboli la monarchie et passé à la révolution du peuple, vient crier et applaudir haut et fort à travers les villes de la Libye la chute de son «guide». Sans risque de se tromper, il convient de dire que la rébellion libyenne a gagné certes la bataille mais pas la guerre car, les défis qui se profilent à l'horizon et les problèmes auxquels elle fera face, sachant que le pays a été soumis par l'Otan à un déluge de feu des mois durant, ne seront pas sans effet sur elle aussi bien à moyen qu'à long terme. L'inquiétude du chef du Conseil national de transition de voir le peuple libyen se livrer à des actes de vengeance en est une preuve. «Je salue l'action des chefs des révolutionnaires j'ai confiance en leur parole mais certains actes de quelques-uns de leurs hommes m'inquiètent», a-t-il tenu à préciser. Et de poursuivre:«Ma crainte concerne aujourd'hui certaines actions hors-la-loi perpétrées en dehors du cadre et des ordres des leaders des révolutionnaires, en particulier les actes de vengeance», d'où, il a souligné qu'il s'opposera fermement à toute exécution extrajudiciaire. «Mon rôle après la chute (d'El Gueddafi) continuera, à moins que je perde le contrôle de mes objectifs et de ce qui les inspire. J'espère que nos révolutionnaires seront à la hauteur de leurs responsabilités», a fait savoir encore Mustapha Abdeljalil, estimant que l'unité du peuple libyen et de son territoire demeure une question indiscutable et qui interpelle tous les Libyens à faire preuve de sagesse et de fraternité pour éviter de replonger, encore une fois de plus, dans un bourbier meurtrier menant la Libye droit vers l'impasse. «La Libye a besoin de tous ses enfants. Cependant, tous les litiges seront laissés aux bons soins de la justice», a-t-il précisé. Et d'appeler une nouvelle fois ses troupes à ne pas piller et à protéger la vie et les biens des citoyens, ainsi que les institutions publiques. «Je demande à tous les révolutionnaires de respecter la loi et de laisser la justice suivre son cours», a-t-il indiqué, soulignant que «même les deux fils de Mouamar El-Gueddafi se trouvant entre les mains de la rébellion seront par conséquent présentés devant un tribunal libyen, devant le peuple».