Les forces révolutionnaires libyennes poursuivent leur conquête impétueusement de Tripoli avec elles toute la Libye. «Le territoire libyen est à 90 ou 95% sous le contrôle de la rébellion», a déclaré, hier, le colonel Abdallah Abou Afra, porte-parole des comités militaires pour l'unification des fronts de guerre relevant du Conseil national de transition. Mais cette marche vers la victoire finale se heurte à quelques poches de résistance des résiduels fidèles du désormais ex-guide libyen, notamment à Tripoli et Syrte. Certes, la victoire militaire et politique du Conseil national de transition (CNT) est manifeste, cependant son incapacité, jusque-là, à mettre la main sur le dictateur et son clan en cavale préfigure d'une issue confuse. Le sinistre colonel El Gueddafi ainsi que ses fils demeurent introuvables. Selon le correspondant de la chaîne satellitaire El Jazeera, à Tripoli, «Seïf El Islam aurait été vu au quartier Abou Slim», où quelques fidèles du tyran tentent désespérément de tenir tête aux forces rebelles. Quant à son père, il s'est volatilisé. Aucune trace de lui, il a assuré dans un message diffusé, hier, par la chaîne de télévision Al Rai, que la prise de son quartier général de Bab Al Azizia n'était due qu'à un retrait «tactique». Il a invité les habitants de Tripoli à «nettoyer» la capitale libyenne de la présence des insurgés. Trop tard pour lui. A voir seulement la facilité avec laquelle les forces révolutionnaires ont libéré Tripoli. Les rebelles ne l'entendent pas de cette oreille. Ils comptent pacifier définitivement Tripoli. Ils ont réussi à faire libérer la trentaine de journalistes étrangers coincés dans l'hôtel Rixos de Tripoli où ils étaient retenus de force par les fidèles de l'ancien régime. De Benghazi, le président du Conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil, a promis une amnistie à quiconque arrêtera ou tuera Mouammar El Gueddafi, incitant ainsi les hommes encore fidèles au tyran de le trahir. «Le régime de Mouammar El Gueddafi ne sera pas fini tant qu'il ne sera pas capturé, vivant ou mort, car son comportement nous fait redouter une catastrophe», a indiqué Moustapha Abdeljalil, chef du CNT. Ainsi donc, tous les moyens sont bons pour capturer le clan et sa garde prétorienne. A Syrte, fief du dictateur déchu, le Conseil national de transition a choisi la négociation pour obtenir la reddition de la tribu d'El Gueddafi sans passer par la violence. La chute de cette ville marquera sans doute la fin définitive de l'ancien régime. En effet, la victoire des forces révolutionnaires sur le terrain rencontre un succès diplomatique remarquable. De nombreux pays, notamment africains, ont reconnu officiellement le CNT comme «seule autorité légitime du peuple libyen». C'est le cas du Tchad et de l'Ethiopie qui ont lâché, hier, définitivement El Gueddafi au profit des rebelles. Toujours sur le plan des actions diplomatiques, la France et le Royaume-Uni ont décidé de convoquer une conférence internationale sur l'avenir de la Libye, le 1er septembre à Paris, a annoncé, hier, Nicolas Sarkozy qui recevait le Premier ministre du CNT, Mahmoud Djibril, à l'Elysée. En somme, le défi immédiat des forces rebelles et de leur organe politique, le CNT, demeure celui du rétablissement de l'ordre, notamment à Tripoli et s'efforcent à préparer l'avenir en réussissant une réelle transition démocratique.