Réunie le week-end dernier à Aïn El-Hammam, elle a posé une série de conditions avant l'entame de tout dialogue. En effet, même si les délégués ont réservé un écho favorable à l'appel du chef de l'Etat, il n'en demeure pas moins qu'ils ont conditionné leur acceptation de s'asseoir à la table de négociations. Une manière pour eux de rejeter, une nouvelle fois, la balle dans le camp du pouvoir pour s'assurer «de la sincérité et de la crédibilité de cette offre de dialogue». Cette démarche dénote la méfiance et l'appréhension des délégués à l'égard des autorités après 27 mois de combat où tous les coups étaient permis. Ainsi, la Cadc exige l'annulation et la levée des poursuites judiciaires à l'encontre des délégués ainsi que la libération de tous les détenus du mouvement citoyen, y compris les manifestants de Mekla impliqués dans l'assassinat d'un policier, le 20 février. Les ârchs de Tizi Ouzou demandent également la prise en charge par l'Etat du problème de Sonelgaz et appellent à une défiscalisation qui toucherait l'ensemble des commerçants de la Kabylie, qui ont été énormément pénalisés lors des événements du printemps. Ne s'arrêtant pas là, les délégués sont allés jusqu'à évoquer le départ du ministre de l'Intérieur, Zerhouni, considéré comme l'écueil principal au règlement de la crise. Cela dit, les ârchs ont exigé la restitution du siège de la Cadc sis au théâtre communal Kateb-Yacine de Tizi Ouzou et fermé depuis le fameux assaut donné par les policiers, le 25 mars 2002. Sur un autre volet, les coordinations, réunies à Aïn El-Hammam, ont réfuté toute portée régionale de la plate-forme d'El-Kseur et ont affirmé que ce document constitue l'alternative à la crise algérienne. A signaler que cette série de préalables n'est qu'une première mouture des propositions qui seront soumises au conclave de l'interwilayas, prévu pour les prochains jours à Bouira, et qui définira la réponse finale des ârchs. L'autre point inscrit à l'ordre du jour de ce 33e conclave ordinaire de la Cadc était celui relatif au document de réflexion sur les perspectives politiques du mouvement. Ainsi après avoir pu contourner, sans beaucoup d'embûches, l'impératif de l'heure qu'est l'invitation du Président de la République, le mouvement citoyen bute toujours sur la délicate question des perspectives politiques. Dans ce sens, ce chapitre continue de constituer le noeud gardien entre les différentes coordinations. A cet effet, même si le document rédigé à Timezrit (Ath Djennad) a recueilli l'approbation de la plénière, il reste que la partie intitulée «Perspectives politiques» a suscité une vive polémique entre opposants et partisans, ce qui a amené à l'ajournement de la discussion autour de ces perspectives. La suspicion était de mise dans un camp comme dans l'autre, lors des débats, les opposants au document ont réitéré leur sentence galvaudée, à savoir «la plate-forme d'El-Kseur telle qu'explicitée à Larbaâ Nath-Irathen est le seul document référentiel du mouvement». Plus clairvoyants, même si leur vision est d'essence partisane, les rédacteurs du document estiment qu' «un mouvement sans perspective va droit vers l'essoufflement» et que «certains points de la plate-forme d'El-Kseur (8 et 11) ne sont praticables que dans le cadre d'un Etat décentralisé». Par ailleurs, dans les divers, les ârchs ont décidé de l'ajournement des sit-in prévus le 29 juillet devant les sièges des APC élues et prévoient un rassemblement pour le 20 août à Ifri Ouzelaguène (Béjaïa) dans le cadre de la réappropriation des dates historiques.