le discours du secrétaire général ne pouvait se situer en dessous d'un certain niveau. Les travaux de l'université d'été du FLN ont été inaugurés hier, à Ain Benian par le secrétaire général du parti, M.Ali Benflis, à la façon d'un capitaine au long cours dont le navire poursuit sa route, malgré une adversité faite de coups bas confortés par une interprétation du droit tiré par les cheveux. S'agissant de la troisième session d'une université d'été, essentiellement politique, le discours du secrétaire général ne pouvait se situer en dessous d'un certain niveau. Au moins pour une raison: le niveau culturel et académique du parti depuis que le FLN a ouvert ses portes aux intellectuels, aux cadres et au rajeunissement accéléré de ses effectifs, ces trois dernières années. Profitant de ce que les militants et les sympathisants du FLN avaient pris d'assaut la salle de Ain Benian, malgré une chaleur torride, Ali Benflis, chemise détrempée, s'est attaqué à son discours, non pas pour polémiquer, mais pour rassurer son monde en lui annonçant que l'Algérie que le FLN projette de construire, ne ressemblera plus jamais à celle qui est vécue aujourd'hui. Son souci premier, ce sont les cadres, les intellectuels, les savants - bien sûr que l'Algérie en compte aussi - les hommes et les de l'art, etc, en un mot tous ceux qui, jusqu'ici ont été chassés de leur pays aussi bien par les islamistes que par une administration peu encline à renouveler ses effectifs pour accumuler plus de sérieux et d'efficacité. En un mot, des intellectuels marginalisés ! Une vérité de la palisse qui, hélas, perdure. Des cadres émérites rabaissés au rang de simples exécutants, quand ils n'ont pas été, tout simplement, licenciés, les premières victimes de «l'arabisation sauvage» s'en souviennent encore aujourd'hui. L'amertume est là et ceux qui ont été à l'origine de leurs avanies, continuent, malheureusement, de se lever le matin sans le moindre remords, oubliant que les persécutions qu'ils ont fait subir aux intellectuels, aux professeurs et aux cadres francophones pendant les «années noires», eurent pour conséquence de détruire à jamais le ressort qui devait conduire l'Algérie à asseoir les fondements de son développement dans les vingt premières années de l'indépendance. Les Algériens sont-ils capables de réaliser une expertise? Tout juste celle des dégâts matériels après un accident de la route. Ce vide technique, cette carence technologique n'existent pas chez nous. Selon la formule de Ali Benflis, nous avons formé des cadres et même des cadres supérieurs, mais quand un puits de pétrole s'embrase dans le sud du pays, on fait appel aux experts étrangers. Dans quel but avons-nous donc formé tous ces cadres? En fait la question devrait pouvoir être mieux perçue si l'on rappelait que les cadres, les intellectuels algériens ne «participent pratiquement jamais à la formation de la décision» qui les engage et engage du coup toute une nation. Alors à quoi servent-ils? Dans l'Algérie que le FLN a promis de réaliser avec la participation massive de la population et tout ce qu'elle compte d'intellectuels, d'artistes, d'écrivains, de journalistes, de cadres, de penseurs, etc. dans cette Algérie-là il sera sûrement possible aux Algériens de procéder à des expertises haut de gamme. L'essentiel est de sortir de ce faux éden où le peuple entier court après le système «D» pour consommer. «Je mange, donc je suis». C'est désormais l'aune à laquelle on nous juge. Désirant changer les choses, le FLN qui en 2002 avait regagné sa place de leader des partis activant dans le pluralisme, s'était préparé pour accélérer le processus du changement et, en premier lieu, la refondation de l'Etat pour mieux le préparer à défendre, non seulement la Constitution, mais également la rigueur de la loi, le FLN donc s'est retrouvé dans une toute autre situation par rapport aux aspirations qu'il avait suscitées auprès de l'opinion publique. Il s'était retrouvé dans une situation de crise, pas en son sein, mais dans la sphère de toute une plèbe de marginaux, soudain mobilisée pour casser le FLN de Ali Benflis au profit des débris qui réchapperont des déprédations qui l'auraient frappé, pour faire renaître ex-nihili un FLN favorable à faire élire pour un second mandat présidentiel l'actuel chef de l'Etat. Une chose est sûre. Si le FLN en arrivait, comme dans les «Grands Lacs» en Afrique, il y a quelques années, au Libéria ou dans la République démocratique du Congo, au destin obscur dans lequel quelques irresponsables voudraient le voir sombrer, il en sera fini de l'Algérie telle que nous en avons tous rêvé. Car c'est l'intégrisme islamiste qui prendra le dessus. L'islamisme l'emporterait vraiment? Nul doute là-dessus dans la mesure où le FLN qui dispose d'une organisation-territoire que ne possède aucun autre parti, même les partis dits démocratiques, est la seule formation capable de contrer l'intégrisme. Détruire le FLN, et ici le syllogisme est implacable, c'est détruire tout bonnement l'Algérie et tout le programme de bien-être qu'elle se propose de lancer à l'avenir pour sortir de l'obscurantisme islamiste.