le parti s'engage dans un domaine resté jusque-là quasiment vierge. Mardi soir à Sidi Fredj, lors de la clôture de la 3e session de l'Université d'été du Front de libération nationale, Ali Benflis, son secrétaire général, a prononcé un discours dans lequel il a ciblé plusieurs points qu'il développera l'un après l'autre ; l'ensemble aboutissant en dernier ressort à mettre en relief la démarche sociologico-politique du parti. Ainsi à propos de l'intérêt qui a poussé des gens hors parti FLN, des sympathisants, des représentants des autres formations politiques et de la société civile à assister nombreux aux travaux de Aïn Benian n'est pas le fait du hasard. Cette participation que «nous apprécions hautement et à sa juste valeur est le résultat des contacts tissés quotidiennement avec les différentes organisations et autres personnalités nationales par la direction politique du parti», a déclaré Ali Benflis d'entrée. Le discours n'étant pas étranger à la nouvelle dynamique du parti, explique que la ligne politique adoptée par le FLN «a gagné les faveurs de larges couches de la population». D'où l'enracinement du parti FLN, un enracinement profond, au sein de la société algérienne et en particulier dans la jeunesse. Car un parti, a souligné Ali Benflis, qui ne s'appuie pas sur les forces de la jeunesse est voué irrémédiablement à l'échec. Le secrétaire général du FLN répétera cinq fois le mot «enraciné» qu'il déclinera en genre et en nombre autant de fois qu'il y aura de catégories sociales à évoquer pour illustrer la présence du FLN à travers le territoire national. Enraciné dans la jeunesse, on l'a déjà dit. Dans le milieu féminin parce que la femme a compris que le FLN lui est ouvert et que si son émancipation ne cesse de progresser, c'est parce que le FLN a décidé de «réhabiliter et de donner à la a place pleine et entière au sein de la société». Vient ensuite le tour du milieu des travailleurs, des fellahs et des fonctionnaires qui «forment dans leur majorité la classe moyenne dans notre pays, cette classe qui a, malheureusement, été marginalisée, alors qu'elle constitue le point d'équilibre dans toutes les sociétés», dira encore Ali Benflis. Toutes ces catégories, qui ont saisi, dans toutes ses nuances, la pensée politique du parti, devait dire le secrétaire général du FLN, «à la lumière des choix du parti, notamment de celui fondamental que représente l'économie sociale de marché», ont enfin trouvé l'exécutoire aux déboires qu'ils ont accumulés, mais aussi des motivations plus à même de leur faire choisir à leur tour le FLN. L'économie sociale de marché, un thème que Ali Benflis n'a eu de cesse de rappeler, au cours des deux campagnes électorales de l'année 2002, grâce auxquelles le FLN devait remporter la majorité des sièges aussi bien dans les législatives que dans les locales, de wilaya comprises. Evidemment le FLN, dont la dynamique interne développe autant d'énergie à l'intérieur qu'à l'extérieur pour convaincre les Algériens, où qu'ils se trouvent, leur laisse du même coup toute latitude pour comprendre que même s'ils n'appartiennent pas obligatoirement aux catégories qu'on vient d'évoquer, ils font partie de ces gens qui ne peuvent respirer pour vivre que s'ils sentent que l'Algérie est disposée à prendre option pour devenir, à terme, l'Algérie de toutes les libertés. Après ces mises au point, Ali Benflis est passé très brièvement sur la neutralité de l'administration dont il a vanté les mérites et les scrupules de ses agents, à l'exception d'une minorité malintentionnée qui pourrait, à l'occasion de la présidentielle de 2004, être tentée de se ridiculiser en nous ressortant la formule du gouvernement général Naëgelen, qui passait jadis pour un maître du trucage des urnes pour empêcher les nationalistes algériens de remporter des sièges aux élections. Simple mise en garde en quelque sorte qui, pour être efficace, devrait se solder, pour le secrétaire général du parti FLN, par un dialogue entre les partis pouvant déboucher sur une charte définissant «la responsabilité et les devoirs de chacun dans la défense et le renforcement de la culture démocratique dans notre pays», a-t-il précisé. Enfin pour terminer, lui, qui semble avoir toujours eu de la suite dans les idées, n'a pas non plus laissé passer, cette fois encore, une réflexion sans lui donner de la consistance. Ainsi à propos de celles qu'il avaient évoquées, lors de l'inauguration des travaux et qui avaient trait à la nécessité de renforcer «les capacités de notre pays en matière d'études stratégiques et prospectives à la lumière du déficit dont souffre l'Algérie en la matière et qui est à l'origine de nombre d'erreurs stratégiques qui ont entravé l'effort de notre pays vers le développement», Ali Benflis a fait une annonce inédite: «J'annonce officiellement (...) que nous allons entamer une opération de mise en place du premier noyau d'un observatoire d'études et d'analyses prospectives au sein du parti.» Voilà qui est fait. C'est vrai que l'idée était dans l'air depuis quelque temps. On a dit il y a peu que le FLN avait le vent en poupe, c'était bien vrai. La preuve, le voilà décidé à s'engager dans un domaine resté jusque-là quasiment vierge. Bravo! Mais attention. Qu'on ne reproduise pas la parfaite copie conforme de l'Institut d'études de stratégie globale de triste mémoire!