La distribution de logements est l'une des solutions pour empêcher l'amplification de la contestation. La liste des problèmes quotidiens auxquels font face les citoyens est de plus en plus longue. Mais très souvent les solutions adéquates ne sont pas proposées. De prime abord, l'Algérie s'apparente à un pays anormal sur divers plans, selon quelques observateurs. Il est évident que la forte inflation écrase les petites bourses, soit la majorité des citoyens. Les problèmes de pouvoir d'achat, la crise du logement, le marché de location accaparé par des spéculateurs, le chômage et le mécontentement nourrissent les discussions et par ricochet les angoisses dans toutes les chaumières, les lieux de travail et les places publiques. Asphyxiée par l'informel et une économie souterraine, l'Algérie semble incapable d'apporter des remèdes appropriés. L'incapacité de lutter contre la fraude fiscale, les problèmes de l'incompétence et de la corruption sont des exemples qui démontrent qu'il reste beaucoup à faire pour mener les réformes à bon port. Face à la misère sociale, la flambée des prix dopée en partie par l'importation tous azimuts, le citoyen reste sans défense. «J'avoue que je suis incapable de faire face à l'avalanche des dépenses qui trouvent leur confluent à l'occasion de la rentrée scolaire», dira Amine, chef de famille. La production nationale comme alternative à l'envolée des prix sur les marchés locaux inondés par le chiffon et les produits d'importation, est quasi inexistante. Comment peut-on sortir de cette situation? Devant l'urgence, il n'y a pas trente-six solutions: il faut, à titre d'exemple, éradiquer la fraude et la corruption, choses qui passent pour commencer, par une réforme en profondeur des services fiscaux, selon les observateurs. L'Algérie peut-elle se permettre des atermoiements? Les problèmes socio-économiques, les souffrances et carences multiples courbent le dos du citoyen qui vit au rythme des privations et frustrations. C'est un mélange détonnant qui risque de s'avérer fatal. La rentrée sociale s'annonce houleuse. Le gouvernement tente d'apporter des solutions. Mais est-ce suffisant pour atténuer la vague de protestations qui fait désormais partie du paysage depuis le début de l'année? Si la wilaya d'Alger entamera demain une opération de distribution de plus de 3000 logements, il faut dire qu'entre 7000 et 10.000 familles qui nécessitent des logements décents ont été recensées dans la capitale. Ayant eu vent de cette opération, certains bénéficiaires contestent le type de logement qui leur est affecté ou le lieu de leur affectation. Il y a aussi le risque de voir des habitants en colère qui se sentiront marginalisés par ce programme, descendre dans la rue. Après le logement, le gouvernement veut s'attaquer à l'informel en réalisant des marchés de proximité. Il y a le risque de buter sur le refus de se soumettre à ces décisions de la part des concernés. L'anarchie est telle que la promesse de leur régularisation et leur exonération d'impôts serait infructueuse. Enfin, la reconduction des mesures de soutien des prix de l'huile et du sucre au profit des importateurs constitue un des éléments dans la stratégie de gouvernement censée atténuer la contestation sociale.