Le patronat est finalement monté au créneau pour faire des propositions de sortie de crise. Même si la réévaluation du dinar n'est pas la solution à tous les problèmes, l'idée a au moins le mérite de montrer la voie à suivre, celle du pragmatisme et de la fin des dogmes. Le patronat est finalement monté au créneau pour faire des propositions de sortie de crise. Même si la réévaluation du dinar n'est pas la solution à tous les problèmes, l'idée a au moins le mérite de montrer la voie à suivre, celle du pragmatisme et de la fin des dogmes. Une spirale. Ça ne semble pas vouloir s'arrêter. Les cours de la poudre de lait et du blé ne cessent de grimper sur le marché mondial, et malgré un prix fort du baril et des réserves de change appréciables, le pouvoir d'achat des citoyens subit une érosion continue. Le débat amorcé par le Forum des chefs d'entreprise sur la nécessité d'un dinar fort arrive à point nommé. La monnaie nationale avait été dévaluée à un moment fort critique de l'histoire du pays, au beau milieu des années 90, très certainement sur conseils du FMI. La politique monétariste pratiquée par Ghazi Hidouci sous Mouloud Hamrouche, et qui visait à absorber les surliquidités qui encombraient le marché à l'époque, a-t-elle encore des adeptes aujourd'hui, alors que la situation a changé du tout au tout ? Le patronat monte au créneau Alors que le gouvernement était en vacances, c'est finalement le patronat qui monte au créneau. Parmi toutes les demandes contenues dans son cahier des doléances, figure celle d'une revalorisation du dinar. Le problème, c'est que l'Algérie vend son hydrocarbure en dollar, alors que presque tous ses achats sont libellés en euro. C'est cette parité dollar-euro qui pose réellement problème. La proposition du FCE de faire nos emplettes dans les pays qui vendent en dollars a peu de chances de réussir, tant il est vrai que nos fournisseurs traditionnels (France, Italie et autres pays européens) sont situés dans la zone euro et qu'il n'est pas facile de changer de fournisseur comme on change de chemise. Ce qu'il est important de savoir, c'est que s'il existe une Opep du pétrole, voire bientôt une Opep du gaz, cela ne manque pas d'avoir des incidences sur les autres matières premières. Eh oui! les pays européens ne le disent pas ouvertement, règles de l'OMC obligent, mais en réalité, il existe des Opep, c'est-à-dire des cartels du lait, du sucre, du café, de la farine de blé, des médicaments, soit de tous les autres produits que l'Algérie est obligée d'importer contre espèces sonantes et trébuchantes. Le diktat des importateurs Cette réalité, l'Algérie est peut-être le seul pays au monde à ne pas la connaître. Presque tous les autres, du Brésil à Cuba en passant pas l'Inde, le Maroc et la Côte d'Ivoire, exportent des produits agricoles et savent donc ce qui se passe à ce niveau. Lorsqu'on se bat aujourd'hui pour maintenir le prix du lait à la portée des petites bourses, il y a plusieurs manières de le faire ; soit en augmentant les subventions dans une spirale qui n'en finit pas, soit en encourageant la production laitière dans le pays, soit en revalorisant le dinar pour donner du pouvoir d'achat aux ménages. Encourager l'investissement et la production dans la filière lait, on sait ce qu'il en est. Ça s'arrête aux vœux pieux, parce que dès qu'il s'agit de passer à la faisabilité de la chose, on voit apparaître des obstacles insurmontables propres à l'Algérie. Le lobby des importateurs monte subtilement au créneau pour torpiller tout effort dans ce domaine. Et les investisseurs potentiels se heurtent immédiatement au problème du foncier. Des fermes pilotes sont fermées aux quatre coins du pays, ou bien sont livrées aux pelleteuses et aux bétonnières, mais il n'est pas question de les affecter aux producteurs potentiels pour lancer des fermes laitières en mesure de réduire la facture à l'importation. On tourne en rond, et il en sera ainsi tant que le laxisme prédominera. Car si la tutelle se contente de rassurer la population par des discours coupés de la réalité, on n'aura pas beaucoup avancé. El Hachemi Djaaboub l'a dit et répété : les subventions sur le lait et la farine de blé tendre seront maintenues. A la bonne heure ! Cela veut dire que l'Etat n'est pas prêt à renoncer à son rôle social. Et c'est tant mieux, mais dans cette question des subventions, l'équation est sans doute mal posée, car les subventions accordées ne vont pas dans la poche des petites bourses, mais très souvent aussi dans celle des couches très aisées de la population. Y a-t-il un pilote dans l'avion ? C'est un peu la question que se posaient de nombreux citoyens en voyant l'immobilisme de l'Exécutif face à la flambée des prix. Puisque depuis quelques jours, un comité interministériel a été mis en place pour réfléchir aux mesures à prendre. Il est souhaitable qu'on ne se contente pas une fois de plus d'agir dans l'urgence pour colmater les brèches, mais que soient prises des décisions qui ne confinent pas à jouer au pompier pour éteindre un incendie. Il est demandé aux institutions de la République d'être en mesure d'anticiper sur les événements, en prenant des décisions mûrement réfléchies, après un audit et les avis des experts, sans hésiter à utiliser tous les leviers de commande à leur disposition, sans tabou, sans dogmatisme, en restant toujours pragmatique et efficace. C'est en tout cas ce qu'on peut penser en lisant le rapport du Forum des chefs d'entreprise : le dinar n'est pas une citadelle imprenable. Autre handicap des subventions, et les producteurs de lait n'ont pas cessé de la clamer : tant qu'on continue à soutenir le prix de la poudre de lait importée, on ne fait que brider la production nationale. Or, pour ce qui est de la pomme de terre, il semble qu'on soit dans un schéma inverse : la production nationale n'est pas suffisante. Il est donc recommandé d'importer des quantités importantes de ce tubercule pour casser les prix. Conclusion : il faut étudier les problèmes cas par cas et se défier de tout dogmatisme comme des recettes toutes faites. Conclusion corollaire : il s'agit d'imaginer d'autres schémas d'organisation. La réévaluation du dinar n'est peut-être pas la panacée, elle ne sera certainement pas le sésame qui va ouvrir les portes du paradis terrestre aux ménages algériens mais le fait de la proposer laisse au moins penser qu'il existe des pistes qui n'ont pas été explorées. Et que si on veut réellement entrer dans l'économie de marché, il faut savoir en maîtriser les instruments : une bourse qui fonctionne normalement, un marché de l'argent qui soit à la portée des investisseurs, des banques qui font leur métier en accordant des crédits aux PME et aux ménages pour absorber les surplus de liquidités et pour booster la croissance, et surtout une banque centrale qui ne se cantonne pas dans une position d'attentisme, mais qui soit en mesure d'apprécier la situation du marché monétaire extérieur et intérieur. C'est-à-dire tout le contraire de ce qui se passe aujourd'hui. On ne peut pas certainement continuer à gérer l'Algérie de 2007 en lui appliquant les recettes des années 70. C'est un cautère sur une jambe de bois. Une inflation à deux chiffres La campagne électorale pour les législatives avait donné lieu à une surenchère démagogique qui s'est dégonflée comme un ballon de baudruche dès le lendemain des élections. Les députés ont rejoint le perchoir et ont vite fait d'oublier leurs promesses. Les états-majors des partis sont entrés en léthargie. Le fort taux d'abstention, qui a été un signal en direction de la classe politique n'a pas été appréhendé à sa juste mesure. Quant aux universités d'été des partis, notamment ceux de l'alliance présidentielle, elles ont sans doute parlé de tout, sauf de l'essentiel : le prix du lait et de la pomme de terre. Et la création d'emplois. Quant à la Centrale syndicale, qui avait signé un pacte économique et sociale avec le gouvernement et le patronat, elle ne peut aujourd'hui que constater les dégâts. Les maigres augmentations des salaires accordées aux travailleurs ont vite été englouties par une inflation à deux chiffres. C'est donc à juste titre que l'ensemble de la classe politique et des institutions de la République sont interpellées pour proposer de nouveaux schémas d'organisation et de nouvelles règles du jeu. En l'occurrence, il n'est demandé à personne d'imaginer de nouveaux schémas, ni d'inventer le fil à couper le beurre, mais de seulement voir comment font les autres pays qui utilisent tous les leviers qui sont à leur disposition, que ce soit la monnaie, les taxes douanières, l'assainissement du foncier agricole et industriel, la fiscalité, les charges patronales, etc. Une spirale. Ça ne semble pas vouloir s'arrêter. Les cours de la poudre de lait et du blé ne cessent de grimper sur le marché mondial, et malgré un prix fort du baril et des réserves de change appréciables, le pouvoir d'achat des citoyens subit une érosion continue. Le débat amorcé par le Forum des chefs d'entreprise sur la nécessité d'un dinar fort arrive à point nommé. La monnaie nationale avait été dévaluée à un moment fort critique de l'histoire du pays, au beau milieu des années 90, très certainement sur conseils du FMI. La politique monétariste pratiquée par Ghazi Hidouci sous Mouloud Hamrouche, et qui visait à absorber les surliquidités qui encombraient le marché à l'époque, a-t-elle encore des adeptes aujourd'hui, alors que la situation a changé du tout au tout ? Le patronat monte au créneau Alors que le gouvernement était en vacances, c'est finalement le patronat qui monte au créneau. Parmi toutes les demandes contenues dans son cahier des doléances, figure celle d'une revalorisation du dinar. Le problème, c'est que l'Algérie vend son hydrocarbure en dollar, alors que presque tous ses achats sont libellés en euro. C'est cette parité dollar-euro qui pose réellement problème. La proposition du FCE de faire nos emplettes dans les pays qui vendent en dollars a peu de chances de réussir, tant il est vrai que nos fournisseurs traditionnels (France, Italie et autres pays européens) sont situés dans la zone euro et qu'il n'est pas facile de changer de fournisseur comme on change de chemise. Ce qu'il est important de savoir, c'est que s'il existe une Opep du pétrole, voire bientôt une Opep du gaz, cela ne manque pas d'avoir des incidences sur les autres matières premières. Eh oui! les pays européens ne le disent pas ouvertement, règles de l'OMC obligent, mais en réalité, il existe des Opep, c'est-à-dire des cartels du lait, du sucre, du café, de la farine de blé, des médicaments, soit de tous les autres produits que l'Algérie est obligée d'importer contre espèces sonantes et trébuchantes. Le diktat des importateurs Cette réalité, l'Algérie est peut-être le seul pays au monde à ne pas la connaître. Presque tous les autres, du Brésil à Cuba en passant pas l'Inde, le Maroc et la Côte d'Ivoire, exportent des produits agricoles et savent donc ce qui se passe à ce niveau. Lorsqu'on se bat aujourd'hui pour maintenir le prix du lait à la portée des petites bourses, il y a plusieurs manières de le faire ; soit en augmentant les subventions dans une spirale qui n'en finit pas, soit en encourageant la production laitière dans le pays, soit en revalorisant le dinar pour donner du pouvoir d'achat aux ménages. Encourager l'investissement et la production dans la filière lait, on sait ce qu'il en est. Ça s'arrête aux vœux pieux, parce que dès qu'il s'agit de passer à la faisabilité de la chose, on voit apparaître des obstacles insurmontables propres à l'Algérie. Le lobby des importateurs monte subtilement au créneau pour torpiller tout effort dans ce domaine. Et les investisseurs potentiels se heurtent immédiatement au problème du foncier. Des fermes pilotes sont fermées aux quatre coins du pays, ou bien sont livrées aux pelleteuses et aux bétonnières, mais il n'est pas question de les affecter aux producteurs potentiels pour lancer des fermes laitières en mesure de réduire la facture à l'importation. On tourne en rond, et il en sera ainsi tant que le laxisme prédominera. Car si la tutelle se contente de rassurer la population par des discours coupés de la réalité, on n'aura pas beaucoup avancé. El Hachemi Djaaboub l'a dit et répété : les subventions sur le lait et la farine de blé tendre seront maintenues. A la bonne heure ! Cela veut dire que l'Etat n'est pas prêt à renoncer à son rôle social. Et c'est tant mieux, mais dans cette question des subventions, l'équation est sans doute mal posée, car les subventions accordées ne vont pas dans la poche des petites bourses, mais très souvent aussi dans celle des couches très aisées de la population. Y a-t-il un pilote dans l'avion ? C'est un peu la question que se posaient de nombreux citoyens en voyant l'immobilisme de l'Exécutif face à la flambée des prix. Puisque depuis quelques jours, un comité interministériel a été mis en place pour réfléchir aux mesures à prendre. Il est souhaitable qu'on ne se contente pas une fois de plus d'agir dans l'urgence pour colmater les brèches, mais que soient prises des décisions qui ne confinent pas à jouer au pompier pour éteindre un incendie. Il est demandé aux institutions de la République d'être en mesure d'anticiper sur les événements, en prenant des décisions mûrement réfléchies, après un audit et les avis des experts, sans hésiter à utiliser tous les leviers de commande à leur disposition, sans tabou, sans dogmatisme, en restant toujours pragmatique et efficace. C'est en tout cas ce qu'on peut penser en lisant le rapport du Forum des chefs d'entreprise : le dinar n'est pas une citadelle imprenable. Autre handicap des subventions, et les producteurs de lait n'ont pas cessé de la clamer : tant qu'on continue à soutenir le prix de la poudre de lait importée, on ne fait que brider la production nationale. Or, pour ce qui est de la pomme de terre, il semble qu'on soit dans un schéma inverse : la production nationale n'est pas suffisante. Il est donc recommandé d'importer des quantités importantes de ce tubercule pour casser les prix. Conclusion : il faut étudier les problèmes cas par cas et se défier de tout dogmatisme comme des recettes toutes faites. Conclusion corollaire : il s'agit d'imaginer d'autres schémas d'organisation. La réévaluation du dinar n'est peut-être pas la panacée, elle ne sera certainement pas le sésame qui va ouvrir les portes du paradis terrestre aux ménages algériens mais le fait de la proposer laisse au moins penser qu'il existe des pistes qui n'ont pas été explorées. Et que si on veut réellement entrer dans l'économie de marché, il faut savoir en maîtriser les instruments : une bourse qui fonctionne normalement, un marché de l'argent qui soit à la portée des investisseurs, des banques qui font leur métier en accordant des crédits aux PME et aux ménages pour absorber les surplus de liquidités et pour booster la croissance, et surtout une banque centrale qui ne se cantonne pas dans une position d'attentisme, mais qui soit en mesure d'apprécier la situation du marché monétaire extérieur et intérieur. C'est-à-dire tout le contraire de ce qui se passe aujourd'hui. On ne peut pas certainement continuer à gérer l'Algérie de 2007 en lui appliquant les recettes des années 70. C'est un cautère sur une jambe de bois. Une inflation à deux chiffres La campagne électorale pour les législatives avait donné lieu à une surenchère démagogique qui s'est dégonflée comme un ballon de baudruche dès le lendemain des élections. Les députés ont rejoint le perchoir et ont vite fait d'oublier leurs promesses. Les états-majors des partis sont entrés en léthargie. Le fort taux d'abstention, qui a été un signal en direction de la classe politique n'a pas été appréhendé à sa juste mesure. Quant aux universités d'été des partis, notamment ceux de l'alliance présidentielle, elles ont sans doute parlé de tout, sauf de l'essentiel : le prix du lait et de la pomme de terre. Et la création d'emplois. Quant à la Centrale syndicale, qui avait signé un pacte économique et sociale avec le gouvernement et le patronat, elle ne peut aujourd'hui que constater les dégâts. Les maigres augmentations des salaires accordées aux travailleurs ont vite été englouties par une inflation à deux chiffres. C'est donc à juste titre que l'ensemble de la classe politique et des institutions de la République sont interpellées pour proposer de nouveaux schémas d'organisation et de nouvelles règles du jeu. En l'occurrence, il n'est demandé à personne d'imaginer de nouveaux schémas, ni d'inventer le fil à couper le beurre, mais de seulement voir comment font les autres pays qui utilisent tous les leviers qui sont à leur disposition, que ce soit la monnaie, les taxes douanières, l'assainissement du foncier agricole et industriel, la fiscalité, les charges patronales, etc.