Le pouvoir d'achat des salariés algériens ne progresse guère. Il inquiète non seulement les Algériens mais également le gouvernement, qui doit jouer son rôle de régulateur. Ce dernier, qui se dit préoccupé et soucieux d'apporter des solutions à ce problème, n'a toujours pas décidé par quel moyen y remédier. Laisser les prix libres au seul arbitrage du marché et accorder en même temps des "primes" aux couches défavorisées, ou alors soutenir carrément les prix des produits alimentaires dits "sensibles". Si, toutefois, le gouvernement opte pour la dernière mesure citée, il faudra faire face à une longue liste de demandeurs de subventions qui exhiberont, sans doute comme prétexte et argument, la flambée des prix des matières premières sur les marchés mondiaux. Suivre une telle politique risque fort de mettre l'Etat régulateur dans une position de non-confort. Non seulement, il aura à combattre davantage la spéculation, mais il devra s'assurer aussi que des parasites ne viennent se greffer à une liste déjà longue des couches défavorisées. Quelle réplique essayer dès lors si les deux options suscitées font, plus de dégâts qu'elles n'apportent de solutions ? Et par quel miracle peut-on desserrer l'étau d'une inflation imposée avec ses graves répercussions si en même temps, l'on s'obstine, du côté du gouvernement, à ne pas alléger le fardeau de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), car faisant partie intégrante de l'équilibre macroéconomique global ? C'est ce qu'ont tenté de répondre les trois représentants des trois partis politiques, en l'occurrence, M. Aït Messaoudène du MSP, M. Besbas, du RCD et M.Djoudi du PT, qui étaient invités, hier, à l'émission "en toute franchise" de la Radio nationale, Chaîne III, consacrée à l'inflation et pouvoir d'achat en Algérie. Pour le représentant du parti du MSP, le problème est que le couffin de l'Algérien dépend intégralement des importations. Donc, tous les effets externes auront un impact direct sur le consommateur, ce qui n'est pas le cas pour d'autres pays qui ne sont pas dépendants. Sur le plan interne, les prix de la majorité des produits sont libéralisés et ne sont pas réguliers, d'où les effets pervers de l'inflation importée qui se répercutent encore une fois sur le consommateur. De son côté, le représentant du parti RCD n'est pas allé par quatre chemins, en responsabilisant l'Etat de cette situation. L'état est responsable de l'inflation. Il y deux volets dans la situation, l'un politique et l'autre pratique et qui dépend de l'environnement international. Il est vrai que sur le plan politique, les pouvoirs publics, n'ont pas eu le courage d'affronter réellement les véritables défis du pays. A titre d'exemple, l'agriculture est dépourvue de politique. "Quant à l'inflation, elle dépend de plusieurs paramètres, entre autres, l'augmentation des salaires. En Algérie, il n'y a pas une politique de salaires. Et tant qu'il n'y a pas de véritables discussions franches entre les partenaires politiques, sans exclusion sur les aspects économiques du pays, on ne réglera jamais le problème", martèlera-t-il. Toutefois, M. Besbas suggère une augmentation des salaires dans un cadre d'une politique salariale prenant en compte les conditions économiques du pays et les conditions sociales. "Nous ne pouvons pas augmenter les salaires d'une manière conjoncturelle. Il faudrait avoir le courage de recouvrir la fiscalité, car les salaires de la Fonction publique ne doivent pas provenir de la rente du pétrole, mais de la fiscalité", dira-t-il. Pour le Parti des travailleurs, le pouvoir d'achat est lié à la perte d'emplois, et aux fermetures des entreprises. Cependant, M. Djoudi pense, au nom de son parti, que l'augmentation du SNMG est prioritaire. "Depuis 1997, le Parti des travailleurs essaye d'apporter des propositions en ce qui concerne le SNMG. Un salaire minimal garanti qui ne doit être au-dessous de 25 000 DA ". Il a, par ailleurs, donné l'exemple de la loi de finances 2008 qui, selon lui, ne contient aucune disposition sur le plan social. En revanche, beaucoup de moyens ont été donnés pour le secteur privé, alors que le secteur public échappe à des dispositions quelconques. La solution idoine, selon Djoudi, serait de soutenir l'économie nationale, les investissements publics et baisser la TVA de certains produits de première nécessité.