La contestation en Kabylie est de même nature que les autres violences qui ont marqué l'histoire de l'Algérie. L'historien algérien Mahfoud Keddache a estimé, lors de son passage à la rubrique «A coeur ouvert» de L'Expression, que le mouvement des ârchs qui mène depuis plus deux ans la contestation en Kabylie doit se structurer en parti politique. «L'expression sociale est le fait des partis politiques comme c'est le cas dans tous les états modernes» a-t-il déclaré. Les ârchs, qui sont une organisation traditionnelle plus au moins masquée par le progrès moderne, ne peuvent s'ériger en système de gestion d'un pays ou d'une région dans les temps modernes, a estimé M.Keddache précisant que «ce mouvement s'est manifesté par l'ardeur d'une jeunesse qui a revendiqué la citoyenneté». Pour l'historien, les hommes qui sont derrière la gestion de ce mouvement doivent «soit regagner leurs structures politiques d'origine ou épouser la forme d'une organisation politique». Le spécialiste du mouvement nationaliste a indiqué que les actes de violence enregistrés lors de la contestation en Kabylie sont de même nature que la violence qui a sévi dans le pays depuis le début des années 90 qui est de même nature que les émeutes qui avaient éclaté en 1988 ainsi que le soulèvement révolutionnaire en 1954 pour la reconquête de l'indépendance. «Ce sont des violences qui résultent d'un déni de justice». Toutefois, l'historien a précisé qu'une violence qui n'est pas gérée politiquement et qui aboutit à la liquidation des coupables et des innocents est condamnable comme c'est le cas du terrorisme islamiste en Algérie. «La violence islamiste n'a pas été gérée politiquement, elle est condamnable.» Pour la Kabylie, la violence est encore en action, a indiqué Keddache. «Tout dépendra de la maturité politique des animateurs qui sont derrière ce mouvement, qu'ils soient manipulés ou pas. Si les choses aboutissent à l'échec de la donne politique, à la violence-répression, cela signifie que le mouvement n'a pas trouvé d'hommes politiques capables de le gérer» Revenant sur cette violence, Mahfoud Keddache affirme qu'elle est récurrente chez le peuple algérien : «Le peuple algérien reste calme puis devient tout d'un coup violent. Ce sont les crises de donatisme dans l'antiquité, les soulèvements populaires durant la période coloniale et la révolution algérienne.» S'il arrive que beaucoup de peuples à travers le monde réagissent ainsi quand ils se trouvent face à un ordre colonial ou quand il y a un déni de justice, M.Keddache pense que «face à un abus, le peuple algérien, particulièrement, ne semble pas trop s'attarder sur l'emploi des moyens légaux pour passer aussi vite à l'emploi de la violence». Est-ce alors cette mentalité du peuple algérien «belliqueuse sur les bords» qui a fait que l'histoire de l'Algérie a été souvent émaillée de guerres, de soulèvements et d'émeutes?