Belaid a tenu à souligner avec force le soutien du mouvement citoyen à la presse nationale, dans cette nouvelle épreuve. Parmi toutes les marques de sympathie et de solidarité qui ont été exprimées à la rédaction de L'Expression, au cours de cette traversée du désert, celles des délégués des ârchs nous va droit au coeur. Ils sont venus en groupe, au siège du journal, à la Maison de la presse de Kouba, pour apporter leur soutien. Ainsi les démocrates se retrouvent tout naturellement dans le même camp pour défendre toutes les libertés publiques, si allégrement bafouées et foulées aux pieds par Zerhouni et consorts, avec la bénédiction surprenante de Ahmed Ouyahia, qui n'a pas retenu la leçon de 1998. Belaïd Abrika, Mustapha Mazouzi, Rachid Allouache et leurs compagnons de la Cadc se sont déplacés en personnes au siège de la rédaction. Ironie de l'Histoire, c'est aujourd'hui même que Abrika devait venir chez nous pour un débat «A coeur ouvert avec L'Expression», mais ce n'est que partie remise. Dans son discours de bienvenue, le directeur du journal a déclaré: «Lors de la réunion avec les éditeurs de journaux, j'ai affirmé que le meilleur soutien que nous puissions avoir, c'est celui des ârchs, car je connais vos capacités de mobilisation. J'ai même émis l'idée d'un mot d'ordre national de grève générale pour faire plier le pouvoir, au cas où il s'entêterait dans sa mesure de suspension.» Ahmed Fattani a rappelé que L'Expression avait soutenu le Président de la République, mais qu'il n'a pas apprécié, entre autres, la manière dont le chef de l'Etat a géré le dossier de la Kabylie. «Je suis allé à la présidence et j'ai soumis un plan pour le règlement de la crise, incluant une aide pour le développement économique de la région, mais ce plan a été torpillé, et j'ai alors compris que ce n'est pas le président qu'il faut pour l'Algérie. Il mène le pays à la débacle». M.Fattani a également rappelé que les colonnes du journal sont ouvertes à tous les courants politiques sans exception, car c'est ensemble qu'il faut construire la démocratie et le pluralisme. Prenant à son tour la parole, Mustapha Mazouzi a déclaré que dans sa tentative de museler la presse, le pouvoir a envoyé des inspecteurs du travail dans certaines rédactions. Cela prouve que le pouvoir ne recule devant rien. Pour sa part, Belaïd Abrika a tenu à souligner avec force le soutien du mouvement citoyen à la presse nationale, dans cette nouvelle épreuve. «On vous dit: vous n'êtes pas seuls. La presse a été avec nous durant 28 mois. Nous n'allons pas nous taire face à cette hogra. Nous allons voir les moyens qu'il faut envisager pour faire lever cette mesure arbitraire de suspension, et qui est une atteinte grave à la liberté d'expression». C'est vraiment une leçon à méditer par le clan qui veut étouffer la voix des journalistes algériens, et qui hier a jeté en prison les délégués authentiques des ârchs, que cette rencontre improvisée, mais sincère pour dénoncer la hogra et les moyens d'aller vers plus de démocratie, vers plus de libertés (bien libertés au pluriel). La caractéristique du mouvement citoyen née en Kabylie est qu'il ne s'est pas laissé enclaver dans un cadre régionaliste étriqué, mais qu'il est aujourd'hui un exemple pour toute l'Algérie, tout comme la presse dont les acquis sont un socle pour l'édification de la démocratie et d'une société plus juste.