Une conférence qui tombe à point nommé A quelques heures de l'ouverture de la Conférence, le département d'Etat américain appuie la démarche d'Alger. Au moment où des salves d'accusations du CNT libyen avec l'approbation implicite des puissances occidentales fusent contre Alger, le département d'Etat américain remet les pendules à l'heure. «Nous félicitons l'Algérie pour l'organisation de cette conférence et les Etats-Unis se réjouissent d'y pouvoir participer activement», a affirmé le Coordonnateur pour le contre-terrorisme auprès du département d'Etat américain, Daniel Benjamin, dans une déclaration faite à l'APS. Ces propos tenus à la veille de la Conférence internationale sur le terrorisme dont les travaux s'ouvrent ce matin au Palais des nations, valent leur pesant d'or. Il est de notoriété que les Américains ont l'art de caresser l'ego des nations pour en extraire ce qu'il y a de mieux, mais pas pour un sujet aussi sensible que celui du terrorisme dont ont souffert plus que d'autres les deux nations. «Alors que la délégation des Etats-Unis aura l'occasion de discuter de certains de ses points de vue à cet égard, c'est une occasion encore meilleure pour nos officiels d'apprendre des expériences des autres pays partenaires, et en particulier de nos partenaires nord-africains», a ajouté M. Benjamin dont le pays sera représenté par une très forte délégation composée de hauts responsables et de spécialistes de la lutte contre le terrorisme. «Cette conférence est une occasion unique et se tient au moment opportun pour les Etats de la région, avec d'autres pays partenaires et organisations, afin de discuter des aspects-clés de la lutte contre la menace terroriste, tout en oeuvrant à concevoir de nouvelles et meilleures stratégies pour lutter» contre cette menace, a encore souligné le patron de la lutte antiterroriste. Plus de 36 pays seront présents à cette conférence que de nombreux spécialistes qualifient de capitale. D'abord pour la thématique qui n'est autre que la lutte contre le terrorisme doublée du développement économique. «Il ne peut y avoir de lutte contre le terrorisme sans développement économique.» Cette approche a été avancée déjà en 2007 par Daho Ould Kablia lors d'une rencontre algéro- malienne. C'est ce qui justifie d'ailleurs la présence d'institutions financières à la conférence d'aujourd'hui, comme la Banque mondiale, la Banque islamique et la Banque africaine. L'aspect le plus important de cette conférence est la crise libyenne qui sera certainement abordée de long en large et sous ses aspects stratégiques et sécuritaires. La Conférence d'Alger «nous permettra de créer et d'adapter collectivement des stratégies de lutte contre le terrorisme, qui aideront les pays de la région à faire face à la menace à laquelle ils sont confrontés», a estimé Daniel Benjamin. Interrogé au sujet de la crise en Libye, il a affirmé que les Etats-Unis «prennent au sérieux tous les rapports faits au sujet des armes qui tombent entre les mains des terroristes et nous faisons de notre mieux pour enquêter sur tous ces rapports». Abordant la coopération entre l'Algérie et les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, M. Benjamin a réaffirmé que «l'Algérie est un leader essentiel dans les efforts antiterroristes régionaux». Et d'ajouter: «Notre coopération bilatérale avec le gouvernement algérien sur la lutte contre le terrorisme est maintenant plus forte qu'elle ne l'a jamais été.» A ce propos, il a précisé que la coopération antiterroriste entre les Etats-Unis et l'Algérie s'est étendue à travers «les questions de la diplomatie publique, économique et militaire et nous coopérons également plus étroitement que jamais dans les enceintes multilatérales». «Pour l'avenir, je suis très optimiste quant à notre collaboration et les progrès que nous pouvons faire», souligne M. Benjamin. Au sujet du paiement des rançons aux terroristes pour la libération des otages, le responsable américain souligne que «les Etats-Unis partagent également les graves inquiétudes de l'Algérie concernant les enlèvements contre rançon par des terroristes». Les Etats-Unis «abhorrent de tels actes, condamnent sans équivoque l'impunité pour les preneurs d'otages et soutiennent fermement les efforts pour mettre fin à la pratique du paiement de rançons puisque ces paiements appuient directement les terroristes comme indiqué dans la résolution 1904 du Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il dit. En conséquence, insiste-t-il, les Etats-Unis «sont fermement engagés à poursuivre les discussions sur cette question au niveau international, y compris à l'ONU tel que le Comité 1267 des Nations unies». Allant plus loin dans ses explications sur cette question, le patron du contre-terrorisme au département d'Etat souligne encore que «le paiement de la rançon renforce le cycle des prises d'otages, finance le terrorisme, renforce et encourage les groupes terroristes». Pour cette raison, insiste-t-il, «les Etats-Unis ne font aucune concession aux terroristes, et cherchent à les priver des avantages de toute concession en employant des mesures financières et en traduisant les preneurs d'otages devant la justice». Sur ce point, il considère que «quand une politique de non-concession est clairement établie et respectée, les citoyens sont moins ciblés». «Dans une prise d'otages, nous travaillons à récupérer en sécurité les otages tout en évitant des concessions, et ce, en utilisant un ensemble d'actions de gestion de crise», a-t-il dit,