Les coups fourrés de Renault sont connus dans l'Hexagone comme le dernier scandale des faux espions parmi ses cadres. Le voilà à vouloir les importer en Algérie. Elémentaire! Pour vendre un max de leurs produits, tous les fabricants du monde recourent à la pub. C'est encore plus vrai en milieu très concurrentiel. Comme sur le marché automobile où, dans notre pays, les marques se bousculent. On peut, dès lors, comprendre les concessionnaires qui redoublent d'ingéniosité et d'idées dans la conception de leur pub. On peut aussi comprendre le niveau de dépenses que chaque opérateur y consacre. En définitive et si la nécessité de la pub est reconnue comme un très bon moyen de vente, elle n'en obéit pas moins à des règles. De morale et de sécurité principalement. Elle est en principe régie par une législation. C'est à l'intérieur de ces limites que les concepteurs de l'image et des mots constituant la pub doivent travailler. Ceci pour la forme. Pour le fond il faut que la pub soit justifiée par le lancement ou le confortement d'un produit ou plus simplement l'ancrage de la marque dans l'esprit des consommateurs. Toujours à des fins marketing et purement commerciales. Depuis quelque temps, Renault fait dans l'exception dans son programme de pub en Algérie. La marque au losange publie et achète, au prix très conséquent, des placards de publicité dans la presse nationale de la dimension d'une pleine page. C'est-à-dire le maximum d'espace dans ce genre de médias. C'est-à-dire aussi le maximum de chance d'être visible. C'est-à-dire aussi toutes les chances pour que le message atteigne la «cible» ou si vous voulez les lecteurs ou si vous voulez encore les consommateurs. Le problème n'est pas dans les dépenses engagées dans cette campagne, Renault a de l'argent et elle en gagne suffisamment dans notre pays pour en avoir davantage. Le problème, très sérieux celui-là, est dans le contenu de ces pages. Pas de voitures à exhiber. Juste une suggestion sous la forme d'un slogan: «Changeons l'automobile». Même placé dans la trajectoire du logo de la firme, il est difficile pour le commun des mortels de comprendre le sens d'un tel slogan. On aurait mieux compris la phrase autrement comme «changeons d'automobile». Mettre un «D» à la place du «L». Ce qui aurait pu être compris comme une suggestion à la consommation. Non, c'est «changeons l'automobile». Ce n'est pas fini. Juste avant cette phrase un autre slogan apostrophe les lecteurs par «changeons de vie». Là, les amis, rien ne va plus. De quelle vie s'agit-il? Quelle est cette vie qui peut être «changée» simplement en «changeant d'automobile». Cela a l'air absurde mais ça ne l'est malheureusement pas. Même si tout le reste de «l'habillage» de la page relève du remplissage sans intérêt pour le lecteur algérien. Un «habillage» où Renault félicite le pilote de formule 1, Sebastian Vettel de l'écurie Red Bull Racing Renault pour son exploit au Grand prix de Belgique. C'était dans la presse de mardi dernier. Les jours d'avant, «l'habillage» était encore plus insensé. Dans tous les habillages le slogan reste le même: «Changeons de vie». En réalité, la formule se veut très subtile. Subliminale même. Car placé dans le contexte du changement souhaité, organisé et accompagné dans les pays arabes par l'Occident, ce slogan veut bien dire ce qu'il veut dire. A l'évidence, Renault sort de son champ économique. Il fait de la politique sans avoir l'air d'y toucher. De cette même politique qui lui a fait délocaliser son projet d'investissement en Algérie pour le Maroc. De cette même politique avec laquelle il s'évertue à faire croire qu'il étudie toujours un autre projet d'investissement dans notre pays alors que tous les Algériens sont maintenant et depuis le temps que «l'étude» traîne, convaincus que Renault n'est nullement décidé à fabriquer des voitures en Algérie mais seulement à vendre sa marchandise produite ailleurs. Et à chercher le meilleur moyen de nous dire que nous devons «changer de vie». Ce qu'il ferait mieux d'aller prêcher en France où la vie est loin d'être meilleure. Les coups fourrés de Renault sont connus dans l'Hexagone comme le dernier scandale des faux espions parmi ses cadres. Le voilà à vouloir importer ces coups tordus en Algérie. Pardon! Là et pour une fois, il en «construit» de nouveaux chez nous. [email protected]