Si l'expression «cabale politique» n'a pas été prononcée, elle n'en a pas moins été suggérée. Le ministre de l'Intérieur, à travers son avocat, est passé à l'offensive hier, en axant sa stratégie sur le plan strictement juridique. Ainsi, présentant document sur document, l'avocat de Yazid Zerhouni entend démontrer l'absence de fondement à l'accusation proférée par M.Sadaoui à l'encontre du ministre de l'Intérieur. Jusque-là, c'est de bonne guerre pourrait-on dire. Mais, au-delà du fond, on retiendra la forme décidée par la partie plaignante pour donner sa version des faits. En effet, le ministre de l'Intérieur a préféré porter sur la place publique cette affaire avant d'en référer à la justice. Si l'expression «cabale politique» n'a pas été prononcée par l'avocat de Zerhouni, elle n'en a pas moins été suggérée et l'opinion publique n'en pense pas moins, sachant que cette affaire a éclaté à quelques mois de la prochaine élection présidentielle. En fait, la stratégie du ministre est de démontrer aux Algériens qu'il est au centre d'enjeux politiciens sans avoir à prononcer ce mot. Par ailleurs, l'on retiendra la réaction rapide et vraisemblablement bien préparée de Zerhouni à l'attaque dont il a fait l'objet. Celle-ci tranche avec l'attitude à laquelle nous ont habitués les hommes du sérail en pareilles circonstances. En effet, tous les scandales qui ont défrayé la chronique ces dix dernières années n'ont pas connu un développement comparable à celui que semble donner le ministre de l'Intérieur à son affaire avec M.Sadaoui. C'est là une nouveauté dans les comportements de nos politiques, mais qui révèlent tout de même le début d'une campagne électorale qui s'annonce sans pitié. En fait, Zerhouni a compris que l'essentiel du combat qu'il doit mener dans le cadre de cette affaire se déroule sur la place publique et non dans les prétoires, estimant sans doute que l'objectif de ses accusateurs est d'abord politique. Cela dit, en jouant la carte de la transparence, le ministre de l'Intérieur, qui a affirmé à partir de Mascara, avoir la conscience tranquille, n'en est pas à sa dernière surprise. En effet, ses adversaires préparent sans doute d'autres coups, cela sans parler du procès, en lui-même, qui peut réserver bien des coups de théâtre. En fait, dans cette affaire, les observateurs de la scène nationale retiennent une certaine évolution du comportement des officiels face aux scandales.