Après un premier report le 9 novembre, la chambre d'accusation près le tribunal d'Alger a examiné, hier, la demande introduite par le collectif des avocats du directeur de publication du journal Le Matin concernant la levée de la mise sous contrôle judiciaire décidée le 27 août dernier à l'encontre de ce dernier. Jusqu'à une heure tardive, aucune décision n'a été prise puisque les délibérations n'avaient pas pris fin. “Ce n'est que demain (aujourd'hui, ndlr) que sera connue la décision”, nous a indiqué un avocat de la défense. Le collectif des avocats de la défense, constitué par Mes Brahimi, Bergheul, Melal et Messaoud, a déposé, hier, un mémoire sur la levée de la mise sous contrôle judiciaire en y mettant de nouveaux éléments qui attestent de l'absence d'infraction, à savoir le bulletin de renseignements envoyé le 25 août par le directeur général des douanes au chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et au chef du département du renseignement et de la sécurité (DRS). Dans leur plaidoirie, les avocats de la défense ont beaucoup insisté sur le caractère éminemment politique de la décision de mettre Mohamed Benchicou sous contrôle judiciaire. En faisant le lien avec l'influence qu'exerçait le ministre d'état, ministre de l'intérieur et des collectivités locales, Yazid Zerhouni, qui avait des comptes personnels à régler avec le directeur du Matin. Les avocats de la défense ont aussi placé cette mise sous contrôle judiciaire de leur client dans le sillage de la campagne de harcèlement et de pressions que subit la presse depuis juillet dernier et les mesures de suspensions qui ont frappé 06 journaux. Depuis ce jour-là, le contrôle judiciaire est venu s'ajouter aux interpellations, aux perquisitions, etc. Ils ont aussi évoqué les dépassements et les abus de pouvoir qui se sont produits à l'intérieur même de l'aéroport puisque les éléments de la police des frontières “agissant sur instruction de Yazid Zerhouni”, ont procédé à l'interception de Benchicou avant même que ce dernier n'ait passé les services de la douane. L'autre argument avancé par la défense est le fait que son client, qui a 29 procès en cours auxquels il a régulièrement répondu, habite Alger et n'a jamais fui ses responsabilités, ne s'étant jamais soustrait à la justice algérienne. Pour rappel, le 27 août, le juge d'instruction a mis Mohamed Benchicou sous contrôle judiciaire alors que le procureur de la République a requis contre lui un mandat de dépôt. C'est le ministère des finances qui a porté plainte contre lui, le 26 août, pour “infraction à la réglementation régissant le contrôle des changes et les mouvements de capitaux” après son interception par des éléments de la police des frontières en possession de bons de caisse d'une valeur de 11 700 000 DA avant même qu'il ne s'acquitte des formalités procédurières auprès des services des douanes. Un fait qui est dénoncé aussi bien par le syndicat que par la direction générale des douanes. Ces derniers à l'absence d'infraction. Pour le directeur du Matin, toute cette affaire n'est rien d'autre qu'une cabale montée contre lui par Yazid Zerhouni qui a juré de lui faire payer son crime de lèse-majesté en révélant le passé de tortionnaire de l'omnipuissant ministre. Contacté, Me Bergheul abonde dans le même sens. Pour lui, cette affaire est “fabriquée de toute pièce”, et le juge d'instruction “aurait dû prononcer dès le départ un non- lieu en faveur de Benchicou”. En outre, concernant le redressement fiscal de 16 milliards de centimes dont a fait l'objet le journal Le Matin, Mohamed Benchicou nous a indiqué que “les services des impôts nous ont priés de nous présenter à leurs bureaux aujourd'hui. Ils sont en train de temporiser; attendant certainement des instructions qui n'arrivent pas”. A. C.