Ces pays sont surtout attirés par les ressources stratégiques, notamment l'uranium qui se trouve au Niger. Il y a comme un jeu d'échecs entre les puissances occidentales sur les vastes territoires du Sahel. La France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine s'adonnent à un jeux dangereux dans cette région allant chacun jusqu'à monnayer l'insécurité pour asseoir leur domination. «La sécurité et le développement du Sahel ne passent que par le renforcement de la coopération et de la concertation entre les pays riverains, qui arriveront à développer des synergies communes. Tout cela suppose de lever le voile sur l'ensemble des rivalités», a soutenu Mehdi Taje, chargé des études africaines à l'Institut de recherche stratégique de l'école militaire (Irsem), estimant que l'insécurité surmédiatisée reflétée par la série d'enlèvements d'Occidentaux et la montée en puissance du trafic de drogue doit être analysée avec prudence. De même qu'elle doit être remise en perspective par rapport aux stratégies des puissances étrangères. Pour M.Tadje, c'est ce qui explique la position ferme de l'Algérie, qui insiste sur le fait que «seul le développement pourrait endiguer les foyers du terrorisme dans les pays de Sahel». D'où la contribution de l'Algérie à ce programme du développement par un appui financier estimé à 10 millions de dollars. Une enveloppe financière attribuée au titre de soutien au développement des zones «Gao -Kidal Tombouctou», qui vivent des insurrections fréquentes des Touareg. Ces zones sont considérées comme servant de bases aux plus importants groupes terroristes dans la région. A ce soutien financier vient s'ajouter sa position s'érigeant progressivement en pivot de la lutte contre le terrorisme au Sahel, dans le cadre des contacts et réunions entre les chefs d'état-major des pays sahéliens. Pour l'expert de l'Irsem, cette orientation prônée par l'Algérie répond à l'ambition d'affirmer son rôle sur le théâtre sahélien, où elle s'oppose catégoriquement à une ingérence étrangère. Dans son dernier rapport traitant «Les enjeux géostratégiques et sécuritaires au Sahel», l'Irsem a précisé que l'instabilité et l'insécurité dans cette région sont accentuées par le jeu des puissances étrangères. Ces dernières amplifient cette menace qui pèse lourdement sur les pays de l'arc sahélien. Selon le même rapport, cette insécurité chronique et endémique sert en premier lieu, les intérêts des pays occidentaux, actuellement en course dans cette région d'Afrique. Cela, leur permet, selon l'Irsem de se positionner militairement. En agitant le spectre de la menace islamique, la France s'aligne sur certaines ambitions américaines, qui agissent dans l'ombre pour contrer la montée en puissance de la Chine dans le continent africain. Ces puissances sont surtout attirées et motivées non pas par le souci de contribuer à asseoir la stabilité au Sahel, mais par les ressources stratégiques notamment l'uranium, qui se trouve au Niger. «L'arc sahélien est riche en ressources: après le sel et l'or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium sont autant de richesses nourrissant les convoitises de puissances désirant s'en assurer le contrôle. Dans ce contexte, des stratégies de positionnement, de prise de contrôle, d'encerclement et de contre-encerclement participent à la définition des enjeux géopolitiques et géoéconomiques structurant le théâtre sahélien», lit-on dans le rapport. Et de poursuivre: «les ingérences étrangères manipulant différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des richesses, qui sont nombreuses». Car, le même rapport relève que la réalité géographique de la zone sahélienne permettrait à certaines puissances, en se positionnant économiquement et militairement, de mieux contrôler les richesses des Etats du Maghreb et les richesses de l'Afrique de l'Ouest.