Un lourd silence s'abat sur le sort des autres otages. Cinq mois après leur kidnapping par un groupe armé, qui se réclame du Gspc, les 15 touristes européens disparus, enregistre un premier décès, celui d'une Allemande qui est morte des suites d'une insolation. Ce qu'a indiqué, hier, mardi, la chaîne de télévision publique allemande ARD. L'un des quinze otages européens détenus depuis plusieurs mois par des ravisseurs algériens dans le Sahara, une Allemande mère de deux enfants est décédé, il y a quelques semaines de la chaleur, a indiqué mardi la chaîne ARD. «Le ministère allemand des Affaires étrangères a informé mardi matin les proches» de cette mère de deux enfants, a indiqué la chaîne dans un communiqué. Les informations ont été obtenues par la chaîne auprès du ministère des Affaires étrangères, a précisé un présentateur au journal de 13 heures. Le ministère n'était pas joignable dans l'immédiat pour une réaction. La erait morte, il y a déjà «plusieurs semaines, probablement d'une insolation», a précisé un journaliste. Son corps aurait été enterré dans le désert par les ravisseurs. Les températures dans la région avoisinant les 45 à 50° à l'ombre dans la journée à cette période de l'année. Selon des sources sécuritaires citées par la chaîne allemande, les Européens encore retenus en otage -neuf Allemand, quatre Suisses et un Néerlandais- se trouvent désormais dans le nord du Mali. La mort de l'Allemande est une information très déplorable, voire dramatique, et tombe au mauvais moment. Avant-hier, à partir de Mascara, où il continuait son périple d'été avec le Président de la République, le ministre de l'Intérieur avait affirmé que les touristes détenus par le Gspc «étaient toujours en Algérie» et que des opérations étaient «en cours en vue de les libérer vivants». L'information donnée par la chaîne publique allemande est à ce point désastreuse pour les autorités algériennes, parce qu'il y eu mort d'homme, alors qu'il était impérieux de «tout faire pour que les otages retrouvent la liberté sains et saufs». En fait, il fallait s'y attendre: cinq mois passés sous un soleil de plomb qui varie entre 45 et 50°, qualifié de «triangle de feu» par les bourlingueurs du Grand-Sud (Tam-Illizi-Ouargla), les 15 touristes européens qui étaient encore détenus (dix Allemands, quatre Suisses et 1 Néerlandais) ne pouvaient supporter encore longtemps pareille canicule. La mort de la touriste allemande sonne aussi comme une gifle pour les services de sécurité de tous les Etats impliqués dans la négociation qui devait aboutir, et vite, à la libération des quinze touristes européens. Les choses ont commencé à piétiner, à tourner en rond, et très vite, on s'était aperçu que quelque chose n'allait pas. Les autorités allemandes et suisses étaient partantes pour donner une rançon et récupérer leurs ressortissants, les troupes spéciales de l'armée algérienne, qui maîtrisaient la situation avec un maillage imperméable, voulaient rééditer l'exploit d'Amguid, où ils avaient réussi à libérer après un assaut fulgurant les 17 premiers touristes (10 Autrichiens, 6 Allemands et 1 Suédois), mais en face, il y avait des preneurs d'otages déterminés à négocier chèrement leur peau et celle de leurs otages. En fait, échaudés par l'échec du premier groupe éliminé par les troupes d'élite à Amguid, les preneurs d'otages de la région d'Illizi détenaient leurs 15 touristes restants dans les grottes de Tamerlik et faisaient du forcing pour tenter de quitter l'Algérie, soit vers la Libye, soit vers le Niger, soit vers le Mali. Finalement, c'est le Mali qui a été retenu. La Libye et ses autorités ont été jugées versatiles et le Niger secoué par la turbulence des groupes armés locaux et la tension ethnique. En fait, il est très probable que c'est en chemin vers le Mali que la ressortissante allemande a été foudroyée par la canicule, si l'on prend en ligne de compte que la thèse de l'insolation est avérée. Car les grottes de Tamerlik sont à l'abri des grands coups de soleil, bien que la chaleur y soit très élevée. L'imbroglio qui a été tissé dès le début sur cette affaire, sa gestion catastrophique sur le plan de l'information et les négociations qui ont traîné la patte en long et en large, ajoutés à l'entêtement des ravisseurs et leur volonté de sortir du guêpier dans lequel ils se sont fourvoyés, tout cela a fait qu'un premier décès a été enregistré. Et c'est déjà dramatique, car on pouvait espérer mieux.