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«La guerre ne fait que commencer au Sahel»
ALAIN ANTIL, CHERCHEUR À L'INSTITUT FRANÇAIS DES RELATIONS INTERNATIONALES (IFRI), À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 13 - 09 - 2011


Un fin connaisseur de l'arc sahélien
Alain Antil est chercheur et responsable du programme Afrique subsaharienne à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Il travaille aussi à l'Institut d'études politiques de Lille et à l'Institut supérieur technique outre-mer (Istom).
Ses domaines d'expertise sont, entre autres, la Mauritanie, le Sahel, l'Afrique de l'Ouest, les questions politiques et sociales, la sécurité et le terrorisme.
Fin connaisseur de l'arc sahélien, l'expert a soutenu dans cette interview que la stabilité dans la région sahélo-saharienne ne passera que par le renforcement de la coopération régionale, appuyée par les partenaires extra-régionaux, mais aussi en réalisant une synergie commune.
Il estime que la question terroriste au Sahel ne sera pas réglée sans marier deux approches: l'une sécuritaire et l'autre de développement. S'agissant de la crise libyenne, le chercheur a précisé que la position algérienne est très intelligente et l'avenir tranchera. Et d'ajouter que la circulation des armes, la question des Touareg et la composition du Conseil national de transition (CNT) seront des éléments qui peuvent fragiliser la région.
L'Expression: Pour commencer, quelle définition donnez-vous, en tant que spécialiste, du terrorisme?
Alain Antil: Je ne suis pas un juriste pour répondre à cela, mais il s'agit ici essentiellement de géopolitique. On ne peut pas définir le terrorisme parce qu'avant, il faut réfléchir à ce terme.
D'autant plus que cette question peut s'avérer fausse, puisque des «nationalistes», des «résistants» peuvent être considérés à tort ou à raison comme des terroristes.
Je pourrais également rajouter que certains actes ne pourraient pas être considérés comme «terroristes» à proprement parler, en ce qui concerne des actes qui ont été commis par l'armée, entre autres.
Dans le cas précis du Sahel, il existe un intérêt important concernant le terrorisme dans cette région avec Aqmi.
À votre avis, que se passe-t-il exactement au Sahel?
Divers problèmes subsistent dans le nord de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Et, contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne s'agit pas seulement de terrorisme.
Lorsqu'un Européen est victime d'un enlèvement, des milliers d'articles inondent les médias du monde entier, mais lorsque 15 militaires mauritaniens sont tués, seuls quelques articles paraissent, essentiellement dans la presse mauritanienne ou algérienne.
On voit bien que l'impact n'est pas le même du tout. Aqmi reste une question importante pour la région mais moins importante qu'une rébellion qui pourrait secouer le nord du Mali ou le nord du Niger.
Tout acte, qu'il soit terroriste ou même lorsqu'il s'agit d'une rébellion, a tendance à ressouder une population autour de son président, de ses institutions, encore qu'en Mauritanie il existe une forte opposition au chef de l'Etat.
Il devient urgent, pour ces pays, et je parle surtout du Mali et du Niger, d'assurer une intégration nationale des populations du Nord.
En Mauritanie, il y a eu une crispation d'une partie de la population dite (sans péjoration aucune) «négro-africaine» qui a été, selon elle, victime, depuis l'indépendance en 1960, de mesures discriminatoires.
Comment expliquer cette surmédiatisation d'Aqmi?
Il existe un énorme décalage entre ce qui se passe matériellement et ce qui existe, avec la question des rançons, de l'armement entre autres. Aqmi est devenue ce qu'elle est grâce, en grande partie, aux enlèvements d'étrangers, occidentaux pour la plupart.
La lutte contre Aqmi semble être érigée en priorité pour les pays de la région. Pensez-vous que cette priorité est nécessaire?
On n'arrête pas de parler de développement, comme on disait avant, pour les pays pauvres de mal-développement ou de sous-développement. Et cependant, il n'y a pas de corrélation absolue entre pauvreté et terrorisme.
Les exemples abondent depuis le début du XXe siècle. Jusqu'à ces dernières années, le sud du Sahara a été épargné par le terrorisme alors que ces pays sont pauvres.
Pour contrer le terrorisme, il faut une présence de l'Etat plus forte. Regardez le nord du Mali. Comparativement au reste du pays, il y a moins d'écoles, moins de projets de développement.
Cependant, d'autres zones sont aussi pauvres que chez les Touareg. Il faut aider les pays du Sahel et pas seulement sur le plan sécuritaire. Je dirais que cette aide doit être axée sur trois piliers.
Premièrement, avec des projets de développement pour les jeunes. Il suffit de voir leur frustration lorsqu'ils constatent que les terroristes ont une «activité» et pas eux. Deuxièmement, sur les aspects sécuritaires.
Et enfin, il faut que l'Etat soit plus présent dans ces zones. Certains Etats ne supportent pas l'échec de la décentralisation commencée quelques années auparavant.
Des projets de communalisation sont pratiquement à l'abandon au Niger, par exemple. Si l'Etat nigérien gère mieux sa rente d'uranium, quel que soit le projet, il avancera; tout projet, quel qu'il soit, pourra avancer.
Et où situez-vous le problème touareg qui est une donne incontournable dans la région?
Il faut savoir que les populations touarègues sont disposées en tribus et en camps. De plus, il existe des tensions aux alentours de Kidal entre Arabes et Touareg.
N'oublions pas les tensions sociales entre classes, c'est-à-dire entre nobles et non-nobles. Elles sont très fortes. Si tension au Mali il y a, il serait intéressant de savoir qui sont les Touareg maliens.
À Tombouctou, par exemple, il est important de savoir qu'il n'a jamais existé de rébellion. Celle-ci existe surtout à Kidal...
Venons-en aux rebelles libyens du CNT. Selon vous, qui sont-ils et peuvent-ils représenter une alternative dans la région?
Malheureusement, on ne connaît pas tous les membres du CNT. Ils sont liés par le ciment de renverser El Gueddafi, mais on ne sait pas si réellement, il y a eu volonté populaire. Demain, il y aura des postes à répartir d'où des divergences sont possibles...
Dites-nous pourquoi y a-t-il un attrait des Occidentaux pour le Sahel?
Tout d'abord, en ce qui concerne la France. Vous vous doutez bien que ce pays est présent dans la région depuis les indépendances, essentiellement dans le domaine de l'économie et de la coopération militaire. Il s'agit en fait d'une continuité.
De plus, j'ajouterais que la communauté franco-malienne est très importante dans l'Hexagone, ce qui ne peut que resserrer davantage les liens entre les deux pays.
Autre pays à être intéressé par la région: les Etats-Unis. Ils sont présents depuis le début des années 2000 seulement, et cette présence n'est pas trop d'ordre économique comme on peut le constater mais surtout d'ordre géostratégique.
Il existe une coopération entre les pays du Sahel et ceux du Maghreb et pour les Américains, l'Afrique est un continent où ils veulent augmenter leurs achats pétroliers et énergétiques, et bien évidemment, ils ne veulent pas que le Sahel parte en lambeaux.
C'est parce que cette région est proche des zones énergétiques importantes.
Enfin, n'oublions pas la Chine, elle qui est présente partout en Afrique avec des communautés plus ou moins importantes. Ce pays est à la recherche de minerais essentiellement.
Les Chinois veulent être présents au Niger en ce qui concerne les mines, au Mali pour l'or ou en Mauritanie dans le domaine de la prospection. D'ici 10 à 15 ans, il y aura de plus en plus d'exploitations minières. C'est une zone qui va s'affirmer davantage.
Comment évaluez-vous le rôle de l'Algérie sur le plan régional?
L'Algérie dispose d'un leadership naturel dans la lutte antiterroriste. N'oublions pas que ce pays a payé un lourd tribut humain concernant le terrorisme et possède une expérience certaine dans le domaine de la lutte contre celui-ci. Il est naturel que les voisins du Sahel fassent appel à elle pour toute forme de coopération.
Il y a eu plusieurs réunions à Alger, la création du Cimoc, l'axe Alger-Bamako vient d'être réactivé.
Il y a deux ans pourtant, les relations entre l'Algérie et le Mali étaient très mauvaises, puis il y a eu un net réchauffement, grâce au nouveau ministre malien des Affaires étrangères, Soumeilou Maïga. Les deux pays travaillent ensemble et sont en avance sur les autres coopérations bilatérales. Il existe néanmoins une coopération mauritano-malienne sur le plan militaire, qui est considérée comme un modèle pour les autres pays de la région, coopération de laquelle l'Algérie devrait s'inspirer afin d'assurer davantage son rôle de leader.
Concernant le paiement des rançons, est-ce vérifié ou non?
Il y a eu des versements possibles de rançons, je ne le conteste pas. Le premier cas de rançon a eu lieu avec le Gspc, avant qu'il ne devienne Aqmi. Grâce aux rançons, les terroristes ont pu s'équiper, sinon, comment expliquer leur capacité de nuisance?
En Europe, les traditions des pays sont différentes. Pour la Grande-Bretagne, il n'y a pas de négociation possible, alors qu'en France, il y a des éléments concordants concernant des paiements de rançons. La nécessité de lutter contre le terrorisme est une priorité absolue et il faudra arrêter de mettre des conditions.
Quelle lecture faites-vous de la Conférence d'Alger portant sur la lutte contre le terrorisme et le développement?
La réunion de la semaine dernière à Alger a été, sans conteste, un succès. Personne ne conteste que l'Algérie soit le leader, pour la région, dans le domaine de la lutte antiterroriste.
Cependant, il existe des coopérations Mauritanie-France ou Niger-France.
La question est de savoir si les officiels algériens sont d'accord avec ce genre de coopération ou non. Toutefois, avec ce genre de coopération, il ne faudra pas penser à un débarquement massif de l'armée française, mais une coopération sur le plan militaire et technique dans la lutte antiterroriste de laquelle l'Algérie devrait s'inspirer et pourquoi pas, s'associer.
Que pensez-vous des retombées libyennes dans les régions? Sont-elles néfastes ou non?
Je vais parler en tant qu'observateur averti. Il faut noter que la circulation des armes est en augmentation depuis le début de la crise libyenne.
De plus, on a assisté à des retours de combattants au Niger ou au Mali, essentiellement des combattants touareg qui étaient mercenaires sous El Gueddafi.
La question se pose alors pour les pouvoirs publics de ces pays: que faire de ces combattants? Les réintégrer dans l'armée? Les intégrer davantage dans la population? Tels sont, à mon avis, les facteurs sur lesquels il faut travailler, puisque l'avenir reste encore incertain en ce qui concerne la Libye.


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