L'idée d'un congrès est certes généreuse, mais elle n'est pas dénuée d'arrière-pensées politiques. Le Mouvement culturel berbère (MCB) organise son université d'été du 1er au 19 août 2003, à l'Institut national des Arts dramatiques (Inad) de Bordj El-Kiffan, à Alger. Selon un communiqué émanant de ce mouvement et signé de son président Ould-Ali El-Hadi, daté d'hier, le MCB organise une rencontre des animateurs du mouvement associatif amazigh. En outre, il est prévu lors de ces journées de tenir les assises de la Coordination nationale des associations amazighes (Cnaa), un séminaire pour les étudiants et un stage au profit des enseignants de tamazight. Parmi les objectifs que le MCB d'Ould-Ali El-Hadi s'est fixés à cette université d'été figurent la définition «des voies et moyens d'une contribution accrue des associations dans le cadre de la réhabilitation de l'amazighité» et surtout la préparation du congrès du MCB. Il est utile de rappeler que quelques jours auparavant, une autre aile du MCB, dirigée par le Dr Mouloud Lounaouci, frère de Hamid Lounaouci, du RCD avait organisé un forum à Tizi Ouzou. Certains anciens du mouvement culturel berbère ont dénoncé la mainmise du parti de Saïd Sadi sur la rencontre par l'exigence faite aux participants de justifier de leur appartenance à ce parti afin d'accéder aux ateliers. Le MCB que chapeaute Ould-Ali El-Hadi, un transfuge du RCD qui s'est distingué lors de la grève du cartable de Kabylie en 1994 et qui a tenté vainement de fusionner les diverses fractions du MCB, jusqu'à la veille du printemps noir, serait proche de l'ex-vice président du RCD, Amara Benyounès. Ce dernier a levé hier un coin du voile sur la nouvelle formation politique qu'il lancera à la rentrée sociale, l'Union pour la démocratie et la République (UDR). Cette université d'été ainsi que le futur congrès du MCB seraient des tremplins pour le nouveau parti politique. Cependant, beaucoup s'interrogent sur l'efficience de toute démarche d'unification ou de fédération des composantes du MCB. Partant de l'adage «le chat échaudé craint l'eau froide», de nombreuses figures marquantes du mouvement culturel berbère des années 80 se sont mises en veilleuse. La raison est dans l'exploitation abusive du mouvement comme tremplin à des projets politiques qui ne font pas l'unanimité au sein de larges couches de la population qui soutient le MCB. L'expérience de 1989, lorsque les fondateurs du RCD ont utilisé les assises du MCB pour réaliser leur projet. Idem, lors de la grève du cartable, où une frange du MCB inféodée au RCD serait allée négocier seule la fin de la grève et la création du Haut commissariat à l'Amazighité (HCA), une instance consultative rattachée à la présidence de la République, mais qui sonne comme une coquille vide.