Les ex-rebelles donnaient hier l'assaut à la ville de Syrte, l'un des derniers bastions de la résistance des pro-El Gueddafi Au plan diplomatique, le nouveau pouvoir en Libye se voit conforté après la visite de deux responsables européens. Les forces des nouvelles autorités en Libye sont entrées hier dans l'oasis de Bani Walid et avançaient vers la ville de Syrte, où de violents combats se déroulaient pour la conquête de ces bastions du régime déchu de Mouamar El Gueddafi. De violents combats avaient lieu dans l'après-midi dans le secteur du marché avec des tirs de roquettes ainsi qu'autour de l'aéroport de Syrte. Plusieurs dizaines de pick-up lourdement armés et trois chars des renforts pro-CNT venus de l'ouest y sont entrés. «Les révolutionnaires ont avancé à Syrte pour évaluer la résistance. Aujourd'hui les Gueddafistes utilisent plus d'armes lourdes qu'hier», a expliqué Abdelbasset Jari, membre d'une brigade du CNT. Les forces pro-CNT ont jusque-là déploré 11 morts et 34 blessés dans la bataille de Syrte. Face à cette offensive, six jours après la fin de l'ultimatum des responsables du nouveau pouvoir, le porte-parole du dirigeant déchu, Moussa Ibrahim, lui aussi en fuite, a assuré que les pro-El Gueddafi étaient «très bien préparés» et déterminés à «résister jusqu'à la victoire», affirmant que «la bataille est loin d'être finie», dans une intervention par téléphone sur la chaîne Arraï basée en Syrie. Le général français Vincent Tesnière, adjoint du commandant en chef de l'état-major multinational air de l'Otan, a d'ailleurs estimé jeudi qu'environ 15% du dispositif des forces libyennes pro-El Gueddafi reste opérationnel, notamment dans les régions de Tripoli et de Sebha. Au plan diplomatique, M.Erdogan a dit être «heureux d'avoir été témoin de la victoire et de l'avènement de la démocratie en Libye», pour sa première visite à Tripoli après la chute du régime de Mouamar El Gueddafi. Alors que Téhéran n'a pas encore reconnu formellement le nouveau pouvoir libyen, Ali Asghar Naseri, l'ambassadeur d'Iran en Libye a regagné mardi dernier son poste à Tripoli pour «développer la coopération» avec les nouvelles autorités du pays, a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié jeudi par l'agence officielle IRNA. Fiers du dénouement des opérations et de l'évolution de la situation en Libye, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron ont clairement fait savoir, lors de leur visite jeudi en Libye, que Paris et Londres soutiendront, lors de la réunion du Conseil de sécurité, hier, la revendication «juste» d'un siège pour la Libye à l'Assemblée générale de l'ONU. Accompagnés de leurs ministres des Affaires étrangères Alain Juppé et William Hague, MM.Sarkozy et Cameron, après une brève visite à Tripoli, se sont rendus à Benghazi, siège historique de la rébellion anti-El Gueddafi. Par ailleurs, le Conseil de sécurité qui étudiait hier un projet de texte, a réitéré sa détermination à s'assurer que les dizaines de milliards de dollars d'avoirs libyens gelés en février et mars «seront dès que possible mis à la disposition du peuple libyen». Le projet de résolution lève le gel des avoirs et autres mesures imposées à la Compagnie nationale du pétrole libyen et à la compagnie pétrolière Zweitina. Même chose pour la Banque centrale, la Libyan Arab Foreign Bank, la Libyan Investment Autho-rity et la société d'investissements Libyan African Investment Portfolio. Les mesures contre l'ancien dirigeant Mouamar El Gueddafi en fuite, sa famille et des proches sont en revanche maintenues. Le projet de texte exprime par ailleurs son inquiétude à propos de la prolifération des armes en Libye et son impact potentiel sur la paix et la sécurité régionales. Il prévoit aussi la possibilité de la livraison d'armes légères pour le maintien de l'ordre et une assistance technique au gouvernement de transition libyen dans le domaine de la sécurité, ainsi que pour assurer la protection des personnels de l'ONU, des médias et des employés des ONG dans le pays.