Les opposants syriens ont appelé hier à Damas à la poursuite des protestations populaires afin de renverser le «régime tyrannique» du président Bachar Al Assad, au lendemain d'une réunion dans la capitale syrienne. «Il faut mettre fin au régime tyrannique sécuritaire. Il faut renverser la tyrannie et (les agents de) sécurité. Nous accueillons tous ceux qui n'ont pas de sang sur les mains», a déclaré Hassan Abdel Azim, l'un des responsables de la réunion, lors d'une conférence de presse dimanche à Damas. M. Abdel Azim est le coordinateur général du «Comité national pour le changement démocratique» (Cncd), qui regroupe des partis «nationalistes» arabes, kurdes, socialistes et marxistes ainsi que des personnalités indépendantes comme l'écrivain Michel Kilo et l'économiste Aref Dalila. Ce comité s'est réuni samedi à Halboune, près de Damas, en présence de militants des Comités locaux de coordination, qui chapeautent les manifestations sur le terrain. Les participants ont élu leur conseil central composé de 80 membres, dont 25% de «jeunes révolutionnaires». «Pour renverser le régime de sécurité tyrannique et corrompu et pour obtenir un changement démocratique, la révolution du peuple syrien doit continuer», a indiqué un communiqué lu par un dirigeant du Cncd, Abdel Aziz Khayer. Le communiqué souligne aussi la nécessité d'«une lutte pacifique», en dénonçant «l'option militaro-sécuritaire choisie par le pouvoir pour réprimer les manifestants pacifiques». «Il faut aussi mettre fin à la solution militaire, autoriser les manifestations, faire rentrer l'armée dans les casernes, juger les responsables du massacre des manifestants, libérer tous les détenus politiques et entamer une réconciliation entre l'armée et le peuple», insiste le texte. Les opposants réunis à cette occasion ont également rejeté une nouvelle fois tout intervention militaire étrangère en Syrie. Samir Aïta, rédacteur en chef du Monde diplomatique en langue arabe et représentant en Europe du Cncd a annoncé une nouvelle réunion de l'opposition le 23 septembre à Berlin. L'opposition syrienne essaie actuellement de s'organiser face au régime. Des opposants en Syrie prévoient d'annoncer la formation d'une coalition qui comprendra le Cncd, les partis libéraux de la «Déclaration de Damas», la Confrérie des Frères musulmans ainsi que des islamistes indépendants. Plusieurs coalitions ou conseils ont aussi vu le jour à l'étranger, sous la houlette d'opposants exilés. Des partis d'opposition ont ainsi lancé à Paris la Coalition des forces laïques et démocratiques syriennes (Cfld), qui prône l'instauration d'un Etat laïc en Syrie et rassemble des chrétiens, des musulmans sunnites kurdes ou arabes, tous laïcs, venus de Washington, de Berlin, du Qatar ou de Norvège. Deux autres instances ont récemment vu le jour en Turquie. Un «Conseil national» a été créé fin août à Istanbul. Selon les laïcs, il est composé en majorité d'islamistes. Et un «Conseil national de transition syrien», né fin août à Ankara, est dirigé par Burhan Ghalioun, l'une des personnalités les plus en vue de l'opposition syrienne en exil. La Syrie est secouée depuis le 15 mars par un mouvement de contestation sans précédent, violemment réprimé par les autorités. Selon l'ONU, 2.600 personnes ont été tuées dans la répression.