La baisse, tant attendue des prix des fruits et légumes tarde à venir On pensait que la flambée des prix qui avait marqué le début du mois de Ramadhan était passagère et que la situation allait vite revenir à la normale, sitôt les premiers jours passés. On s'est finalement trompés. Près de deux mois depuis le Ramadhan, rien n'a, véritablement, changé... La baisse, tant attendue des prix des fruits et légumes tarde à venir et les promesses des pouvoirs publics de réguler le marché, voire de le contrôler, se sont avérées inconsistantes et se sont évaporées comme fumée de cigarettes, laissant place à l'inquiétude et au laisser-aller. Car, en l'état actuel des choses, on a du mal à croire que la situation va s'améliorer et que le plan d'urgence mis en place, récemment, par le ministère du Commerce pour contrôler les marchés de gros et barrer la route aux intermédiaires et autres parasites qui infestent le secteur, puisse être appliqué, efficacement. Présents partout, ces intermédiaires font beaucoup de mal au secteur des fruits et légumes en faisant monter, à leur guise, les prix, empochant des sommes colossales sans débourser un centime et surtout ne payant pas leurs impôts! Par une simple parole, par un simple mot, ils mettent la main sur toute une récolte qu'ils revendent, ensuite, alors qu'ils n'ont sorti aucun dinar de leur poche. Ces transactions sont légion. Beaucoup affirment que c'est, en partie, à cause de ces intermédiaires que les prix des fruits et légumes flambent sur le marché. Les producteurs ou fellahs s'en lavent, en tout cas, les mains. Selon eux, le marché ne connaîtra pas de réelle stabilité tant que les intermédiaires ne seront pas mis hors circuit. C'est un fait, mais ce n'est pas la seule et unique raison car s'il est vrai que les intermédiaires jouent un rôle néfaste, les vendeurs ont, eux aussi, une part de responsabilité dans la hausse des prix de certains produits. Ne se souciant que des bénéfices, certains spéculent et respectent rarement la marge bénéficiaire qui leur est, légalement, octroyée. C'est le cas de la tomate qui a atteint des prix record en ce mois de septembre, étant cédée à 120 dinars le kg. Même durant l'été où, généralement, il est vendu à très bas prix, ce fruit indispensable pour la préparation de la salade, a connu une surprenante flambée et son prix est, rarement, descendu, ces dernières semaines, sous les 100 dinars le kg. Autre produit très demandé:la pomme de terre qui a atteint, durant le mois de Ramadhan, 60 dinars le kg dans certains marchés. Pourtant, la consommation de la pomme de terre baisse, énormément, pendant cette période parce que ce légume très lourd pour l'estomac qui, au contraire, a besoin de mets plus légers pour faciliter la digestion, surtout, après environ dix-sept heures de jeûne. Malgré une production record, estiment les agriculteurs, le prix de la pomme de terre oscille, actuellement, entre 35 et 45 dinars le kg. Ce qui n'est pas fait pour arranger les affaires de nombreux ménages, particulièrement ceux pour qui la pomme de terre constitue la nourriture de base. La production de poivron est considérée, elle aussi, comme étant en hausse. A l'inverse, le prix du kilo de ce légume, très prisé par les ménagères pour la préparation de la tchektchouka, notamment, est toujours en hausse sur le marché. 100 dinars est le prix moyen qui est affiché sur les étals. Que dire, alors, de ces commerçants qui trichent en exposant sur le devant de leurs étals les meilleurs produits, mais qui n'hésitent pas à vous rouler en vous servant, souvent, des légumes ou fruits, autres que ceux-là et avariés? Dès que vous leur en faites la remarque à ce sujet, ils s'énervent aussitôt, et vous disent que c'est à prendre ou à laisser. Pourtant, la loi est claire à ce sujet. Elle interdit tant ces pratiques que le fardage commercial. Malheureusement, beaucoup de nos commerçants en usent et font peu cas du respect de la réglementation en vigueur. D'ailleurs, la plupart n'affichent pas les prix. Hier, au marché de Kouba, une cliente s'en est prise à un commerçant parce qu'il n'avait pas affiché les prix des fruits et légumes exposés à la vente. «Pourquoi n'affichez-vous pas les prix?», a-t-elle demandé, à haute voix. C'était pour les haricots verts qu'il écoulait à raison de 160 dinars le kg. Lorsqu'une autre personne a interpellé le même vendeur pour connaître le prix du chou-fleur, il a répondu que «la marchandise n'était pas à vendre!» Drôle d'époque et drôles de gens, dirions-nous. Etre commerçant n'est pas donné à tout le monde. Le ministère du Commerce doit faire le ménage en donnant un coup de balai dans la fourmilière pour assainir le secteur et éliminer tous ceux qui trichent et ne cherchent qu'à s'enrichir sur le dos du client. L'Etat a beaucoup fait en investissant énormément d'argent pour développer l'agriculture et encourager la production qui a presque triplé ces dix dernières années. En guise de bonne volonté, il a même effacé la dette des agriculteurs et attend un juste renvoi de l'ascenseur.