Le gouvernement estime que le taux de 33% est justifié par la faible présence de la femme dans le paysage politique. Le projet de loi organique sur l'élargissement de la représentation des femmes au sein des Assemblées élues, examiné et adopté dimanche 28 août 2011 par le Conseil des ministres, a provoqué une polémique. Ce projet de loi stipule que 33% des listes électorales seront composées de femmes. Par conséquent, 33% des élus qui seront issus des élections municipales, wilayales et parlementaires seront des femmes. Cependant, pour les collectivités locales, cette répartition n'est valable que dans les communes ayant plus de 20.000 habitants. Ce système de quotas a provoqué la désapprobation de plusieurs partis, comme il en a satisfait d'autres. Le Parti des travailleurs (PT) a été le premier à marquer son opposition par rapport à ces quotas. Le PT est allé jusqu'à qualifier ce pourcentage de «discriminatoire» et «avilissant pour les femmes». Le Front national algérien (FNA) a, lui aussi, dénoncé cette forme d'implication des femmes dans la vie politique. Son président, Moussa Touati, s'est élevé, avant-hier, contre cette loi, estimant qu'elle (la loi) «veut prouver que la femme est un être handicapé à qui on donne son quota». Dénonçant le fait que les femmes sont «exploitées» dans les administrations en faisant d'elles des agents de saisie, il a convié le pouvoir à faire plus pour faire participer la gent féminine. Il invite les autorités à impliquer les femmes dans la véritable vie politique du pays en leur réservant la direction de 24 wilayas (walies), 16 secrétaires générales du ministère et lui permettre de participer à la prise de décision. Toujour mieux, Touati invite le gouvernement à désigner des ministres parmi les femmes. Pour leur part, les partis de l'Alliance présidentielle ont salué la décision du Conseil des ministres, estimant que cette loi était une suite logique à la révision constitutionnelle du 12 novembre 2008. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, avait affirmé, ce 15 septembre dans la wilaya de Chlef, que son parti n'est pas pour le système de quota en ce sens que les critères adoptés par le FLN dans le choix de ses cadres et de ses candidats aux assemblées élues ont été toujours basés sur la compétence, le savoir et l'intégrité de la personne; que ce soit pour l'homme ou la femme. De son côté, le ministre de la justice, Tayeb Belaïz, a défendu, le 14 septembre dernier, ce projet de loi devant la commission des affaires juridiques de l'APN. Il a relevé que le taux de 33% est justifié par la faible présence des femmes dans la politique. Mais la plus grande critique de ce projet de loi et du système des quotas qu'il impose vient des politologues. Le Dr Hadef explique que la Constitution garantit l'égalité des sexes. Pour lui, ce projet peut nourrir un antiféminisme dangereux. Imposer quiconque dans une liste électorale est d'abord anti-démocratique. Car, en démocratie, on n'impose rien, on choisit. La représentation deviendra automatique quand les mentalités seront prêtes à l'accepter. La femme est digne et nombreuses d'entre elles veulent que les véritables réformes commencent par le Code de la famille. Après la loi organique sur l'élargissement de la représentativité de la femme aux assemblées élues, une nouvelle loi organique relative à la présence de la femme dans l'administration et le gouvernement sera-t-elle nécessaire?