«Pendant vingt ans, j'ai pu disposer d'une voiture avec un chauffeur. Aujourd'hui je reprends le métro. J'ai à nouveau vingt ans.» Hervé Bourges Le ministre de la Communication Nacer Mehal, l'a révélé hier, il a sollicité Rachid Arhab, comme conseiller sur le dossier de l'audiovisuel algérien. Est-ce le bon choix et est-ce la bonne source d'éclairage? Rachid Arhab n'a jamais dirigé de télévision, il n'a jamais présidé un conseil audiovisuel et surtout il n'a jamais travaillé dans le passé avec les institutions algériennes. Alors que les Marocains sollicitent André Azoulay pour tout ce qui est audiovisuel, nous, on sollicite un Français d'origine algérienne, pensant qu'il sera meilleur et confirmant notre éternel complexe de colonisé et notre peur du colonialiste. Si l'Algérie a son Abdou B, la France avait son Hervés Bourges. Un ami de l'Algérie, qui connaît ses institutions, sa culture, sa mentalité politique, ses hommes et surtout sa télévision pour avoir participé à des montages audiovisuels algériens. Son parcours est étroitement lié à l'Algérie. Le 1er juillet 1960, Hervé Bourges entre comme chargé de mission au cabinet d'Edmond Michelet, ministre de la Justice. Le journaliste passe du côté des décideurs. Nourri des textes fondateurs du militantisme chrétien, ceux de Charles Péguy ou de Marc Sangnier, le jeune homme aborde la question algérienne. Son amour pour l'Algérie capta l'intérêt du premier chef d'Etat algérien à l'indépendance, il est nommé conseiller de Ben Bella en 1962. Et a toujours défendu le même idéal: une information libre. Hervé Bourges, actuellement président de l'Union internationale de la presse francophone, a été porte-parole de l'Unesco puis président du Conseil supérieur de l'audiovisuel, qu'il a quitté en 2001. Il a été installé en 1983 par Mitterrand comme président de TF1 jusqu'à sa privatisation en 1987. Il a été le premier président de Canal+ Horizons en 1988, président d'A2/FR3, de 1990 jusqu'en septembre 1992 où Antenne 2 et FR3 sont devenues France2 et France 3, formant ainsi le Groupe France Télévisions. On peut dire qu'Hervé Bourges a été derrière toutes les révolutions dans l'audiovisuel français, alors pourquoi on n'a pas pensé à lui, pour le lancement de l'audiovisuel algérien. Chrétien de gauche, il a toujours obéi à l'injonction d'Albert Camus qui prêchait l'obstination du témoignage, en réponse à celle du crime. Loin des sectarismes et des modes, il fut un des dirigeants les plus libres et les plus intransigeants qu'ait connus l'information en France. En 2009, il est nommé président du Comité permanent de la diversité de France Télévisions. En 2010 président du jury académique pour la distinction des personnalités lors du Cinquantenaire des Indépendances africaines. Une personnalité de fer et une sagesse d'ange qui lui valurent d'être admis dans le cercle des proches de François Mitterrand et aujourd'hui de Jacques Chirac, mais jamais de Sarkozy. Il a commencé sa carrière en Algérie, on aurait aimé qu'il la finisse ici également. [email protected]