Excepté quelques attaques sporadiques, la situation semble de plus en plus maîtrisée. Selon un décompte, certes macabre, effectué à partir des informations rapportées par la presse, le mois de juillet aura été le moins sanguinaire depuis 1992, date de l'arrêt du processus électoral ayant entraîné le pays dans le chaos. Le mois écoulé a été le moins mouvementé, une dizaine de civils et une douzaine de membres des forces de sécurité sont tombés sous les balles assassines des hordes sauvages qui, de leur côté, n'ont enregistré la perte que d'une quinzaine d'hommes. Ces chiffres comparativement aux mois passés où les pertes étaient estimées entre 80 et 100, soit plus de 670 morts depuis le début de l'année, démontrent que les forces de sécurité commencent à maîtriser la situation. Cette diminution sensible du nombre de morts ne doit pas encore être interprétée comme un signe avant-coureur d'une évolution irréversible, même si elle s'inscrit dans une tendance à la baisse observée depuis 2000, en dépit de quelques flambées, comme en juin dernier. En outre, cette baisse sensible fait suite à la longue série de ratissages effectués sur le terrain des opérations et l'arrestation de plusieurs groupes de soutien aux terroristes. En effet au moment où l'armée continue de traquer les terroristes dans les maquis, les services de sécurité se sont avérés efficaces dans leur lutte contre les groupes de soutien dans les cités en privilégiant les renseignements de proximité. L'autre fait retenu par les experts pour expliquer cette baisse est la prise de conscience de la population qui après avoir soutenu la cause des groupes armés s'est détournée d'eux en raison de son ras-le-bol. En outre, certains experts n'ont pas hésité à faire le parallèle entre cette baisse de la violence en Algérie et la prise de conscience de la communauté internationale du danger que représente la nébuleuse terroriste après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. En effet, depuis cette date certains pays qui soutenaient le terrorisme islamisme ont décidé de leur couper les vivres. Mais ces éclaircissements n'expliquent pas à eux seuls cette baisse de la violence en Algérie. D'autres facteurs sont aussi à retenir. Parmi eux, la concorde nationale que défend le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Une concorde civile venue conforter la trêve signée en 1997 entre l'armée algérienne et l'Armée islamique du salut (AIS, branche armée de l'ex -FIS). En tout cas, l'«effet Bouteflika» avait pris des proportions considérables. A l'exception du microscopique ex-parti communiste, de plusieurs associations de victimes du terrorisme - qui, non sans arguments, avaient le sentiment d'être incomprises et abandonnées - et de quelques journaux, tout le monde s'est rangé bon gré mal gré derrière le Président et sa politique de concorde nationale. Jusques et y compris des personnalités connues pour figurer parmi les chantres de l'«éradication» de l'islamisme politique, comme l'ex-ministre Leïla Aslaoui ou le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie Saïd Sadi. Ce dernier avait même déclaré être en faveur d'un gouvernement d'union nationale. Pour rappel, en octobre dernier, le général-major Mohamed Lamari, avait affirmé qu'il ne restait plus que quelque 700 islamistes armés actifs, pour l'essentiel membres du Gspc, affiliés à l'organisation terroriste Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden. Tandis que le GIA, qui s'est illustré par des massacres en masse de civils, a été durement éprouvé par des défections vers le Gspc.