Dans une interview à la chaîne satellitaire Al-Arabiya, Raghad et Rana Hussein reviennent sur la chute de Bagdad. Après avoir fait le chemin de Damas, les deux filles du président irakien déchu, Saddam Hussein, à savoir Raghad et Rana, sont arrivées à l'aéroport d'Amman en provenance de Syrie. C'est là qu'elles ont accordé une interview à la chaîne arabe Al-Djazira, dans laquelle elles ont accusé l'entourage immédiat de leur père d'avoir trahi leur patrie avant d'avoir trahi Saddam Hussein et sa famille. «C'était un acte de traîtrise extrêmement grave. La principale traitrise provenait de personnes en qui il (le président) plaçait une confiance absolue, ceux qu'il considérait comme son bras droit.» Selon les deux soeurs, le président était plein d'assurance et il avait foi en Dieu. Raghad, habillée en robe noire et portant une écharpe sur la tête a continué en affirmant: «J'étais à Bagdad, à El Mansour avec Rana et les enfants. Durant toute la nuit (du 8 au 9 avril) j'écoutais la radio. Je priais Dieu et je disais à Rana que désormais tout était fini.» Ensuite Raghad a raconté les bombardements lors de la fuite de Bagdad. «J'ai vu l'armée irakienne se retirer. J'ai vu les soldats irakiens s'enfuir en courant, épouvantés. J'ai vu les missiles tomber sur notre droite et sur notre gauche. Ils tombaient à 50 ou 100 mètres de la maison où nous nous trouvions et qui était secouée par les bombardements.» Interrogée sur ce qu'elle souhaiterait dire à son père si elle le voyait, elle a répondu: «Je t'aime. Tu me manques beaucoup, père !» Les deux soeurs sont également revenues sur les circonstances dans lesquelles avaient été exécutés leurs maris. Ainsi Raghad a affirmé que son retour en Irak en 1996 avec sa soeur et leurs deux époux, après leur défection, était une erreur, mettant sur le dos de Ali Hassan El Madjid, plus connu sous le nom d'Ali le chimiste, l'orchestration de leur assassinat. On rappellera que Raghad et Rana étaient respectivement mariées à Hussein Kamel Hassan et son frère Saddam Kamel Hassan, les neveux de Ali Hassan El Madjid, cousin germain du président déchu et ancien ministre de l'Intérieur. Ce dernier sera également l'instigateur du gazage de milliers de Kurdes en 1988. Ali le chimiste aurait déclaré à Saddam Hussein: «Tu leur as pardonné en tant que chef de l'Etat, mais nous en tant que tribu, on ne leur pardonne pas.» Raghad a affirmé qu'il avait lui-même dirigé la liquidation.