Le ministre français de la Culture «On a fait un inventaire de tout ce qu'on pouvait faire, mais dès la fin octobre vous aurez des réponses», a-t-il confié à propos de la coopération culturelle entre nos deux pays. «Cette première visite c'est un drame pour moi car je pourrais rester toute la journée», nous a déclaré en substance le ministre français de la Culture hier, au Sila, lors de sa visite de courtoisie en compagnie de Khalida Toumi, ministre de la Culture. Une visite éclair et bien singulière de cet homme d'Etat politique français qui visite pour la première fois le Salon du livre d'Alger. «Un jour je pourrais faire ça et regarder toute la journée les livres pour les compulser», nous avouera-t-il presque rêveur tout en indiquant avoir eu comme ami Rachid Mimouni. Et de rajouter «Je suis très heureux de constater cet élan et cette dynamique et en même temps ça me permet de mesurer ce qui reste à faire et notamment pour que le livre soit à la portée de toutes les bourses, notamment le livre francophone bien évidemment». Un signe fort envers la francophonie, cheval de bataille de la France que Frédéric Mitterrand ne perd pas de vue, bien entendu. Répondant à notre question sur l'objet de sa visite en Algérie, Frédéric Mitterrand dira: «Le but de ma visite en Algérie c'est d'accroître encore nos relations cultuelles bilatérales qui sont importantes.» Lors de sa visite entre les différents stands, le ministre français de la Culture s'est voulu ferme en allant au vif du sujet, c'est-à-dire en s'enquérant des prix des livres en vue de connaître véritablement le pouvoir d'achat des Algériens et si celui-ci se permet d'acheter ces livres ici au Sila et même ailleurs dans les librairies du pays. Un comparatif en euro s'imposait pour faire la différence et avoir une réelle et précise idée sur la situation du livre en Algérie. La coédition était d'ailleurs au centre des débats entre lui, les éditeurs et la ministre de la Culture, mais aussi le nombre d'achats des droits de réédition par les éditeurs algériens qui avoisinerait selon le directeur des éditons Chihab, M. Gerfy, les 10%. A propos d'un livre de Benjamin Stora (cent documents inédits à découvrir) cédé à 3400 DA, le ministre s'est écrié: «C'est trop cher!». Un peu plus loin, il sortira de sa poche de l'argent et payera en euros un livre scientifique qui coûtait 4000 DA à un ingénieur. Il demandera aussi s'il existait des livres en français traduits en arabe mais aussi si l'Algérie possède dans chaque wilaya des bibliobus, chose que la ministre de la Culture lui a confirmée. «Cela marche très bien d'ailleurs, il existe un festival qui s'appelle «Lire en fête» avec les enfants, qui se fait à la rentrée scolaire» lui a-t-elle indiqué. M.Frédéric Mitterrand qui n'a pas arrêté de poser des questions tout en indiquant si tel prix est bon ou au contraire très cher, s'est vu remettre en cadeau de nombreux livres en guise de bienvenue. Au stand des éditions Casbah, il s'est vu remettre les deux nouveaux romans de Malika Mokkedem et Anouar Ben Malek, lesquels viennent de sortir en Algérie avant d'être édités en France chez Fayard. Une exclusivité donc. «Comme ça, vous irez voir les maisons d'éditions françaises en leur proposant de faire de la coédition avec les Algériens. Vous direz à Fayard que c'est la seule manière de vendre des livres français en Algérie», lui suggéra Khalida Toumi en lui tendant ces livres qui coûtent à peine dit-elle «5 euros car ils sont édités ici». S'agissant de la répercussion du Printemps arabe sur l'édition des livres, Frédéric Mitterrand nous révélera qu'«il est tout à fait normal que tous les événements politiques aient des répercussions sur la littérature. Pour ma part, j'ai plutôt tendance à préférer dans mes lectures non pas des livres qui décrivent l'actualité du moment car la plupart des écrivains sont partisans mais plutôt des livres littéraires qui décrivent les événements de manière intellectuelle et littéraire. En somme, tout ce qui alimente la vie active et politique crée forcément de la littérature». Enfin, à propos du renforcement de la coopération cultuelle entre l'Algérie et la France, le ministre nous répondra tout de go: «Rendez-vous dans 6 mois; vous aurez les résultats. Mais on est en train d'y travailler. On a fait un inventaire de tout ce qu'on pouvait faire mais dès la fin octobre vous aurez des réponses.» Aussi, s'agissant de «Marseille capitale de la culture européenne» il soulignera qu'une convention a été signée. «Pour l'instant, elle dort, alors on va la réveiller» nous dira-t-il avec le sourire.