Jeudi dernier, avec l'arrivée simultanée de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, accompagnée de son homologue polonais, Waldemar Daubrowski, et celle de Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Communication, l'actualité a été riche en événements dans la wilaya de Annaba. Dès leur arrivée au siège de la wilaya, Mme Khalida Toumi et son homologue polonais avaient eu à signer le procès-verbal d'accord de coopération culturelle entre les 2 pays. Dans cet accord, il est prévu de la formation et les échanges de programmes dans le domaine du cinéma, la formation artistique dans les beaux-arts et la musique. Ces deux actions venaient en complément du plus important point qu'est la restauration et la formation des restaurateurs de vestiges archéologiques, notamment l'exploitation par les Algériens de l'expérience des Polonais dans le domaine de la restauration et de la formation des restaurateurs de vestiges archéologiques. Profitant de cette visite programmée depuis longtemps, le Centre culturel français de Annaba a programmé le même jour le concert Fou de Grenade tiré du Fou d'Elsa de Louis Aragon. Une manière comme une autre de dire aux Algériens qu'il serait fou de croire que l'important lot de pièces archéologiques volées du musée d'Hippone (Annaba), Timgad Batna, Madaure (Souk Ahras) exportées en France, précisément à Aix-en-Provence et placées entre les mains de collectionneurs français bien connus, sera rendu à l'Algérie. La ministre de la Culture et son hôte polonais ont marqué des haltes sur des sites de la wilaya. Les concepteurs du programme de la visite avaient évité d'y inclure le musée archéologique d'Hippone. Il fallait l'éviter, car livré à la mauvaise gestion, à l'abandon, à la dégradation, aux vols et aux disparitions. Tout un inventaire de faits négatifs que l'on a éludé pour certainement donner à penser à ceux bien informés de ce dossier que la ministre continue à fermer les yeux sur la dilapidation de ce patrimoine. Mme Khalida Toumi a semblé confirmer cette impression en refusant, depuis des années, de désigner un directeur à la tête de cette institution gardienne de notre patrimoine archéologique et d'un des coins de l'histoire de l'Algérie. Elle ne pouvait pas les ouvrir jeudi dernier alors qu'elle était en visite à Annaba. D'autant qu'elle était accompagnée du représentant d'un pays européen où la défense de la culture, de l'archéologie et des beaux-arts est une réalité quotidienne et un facteur de développement du tourisme. En fait, le programme avait été conçu de telle manière que les haltes programmées permettent aux deux ministres de ne pas trop s'ennuyer en attendant le concert Le Fou de Grenade prévu le même jour au théâtre Azzedine Medjoubi à 20h. L'on n'a pas permis à Mme Khalida Toumi de mettre en terre la pierre inaugurale pour le lancement des travaux de construction de la bibliothèque régionale aux alentours du palais de la culture Mohamed Boudiaf. Le faire aurait permis d'attirer l'attention de certains empêcheurs de tourner en rond sur l'emplacement choisi par le maître d'œuvre. Selon plusieurs anciens de la ville et des universitaires spécialisés dans l'archéologie, il s'agirait d'un site archéologique situé à quelques mètres d'un aqueduc. Le tout est enseveli plusieurs mètres sous terre par ceux qui pratiquent la culture de l'ignorance et l'inculture. C'est aussi l'un des rares points verts que Annaba compte dans ses murs. Mais tout cela importe peu aux services de Mme Khalida Toumi qui ne s'est même pas inquiétée du vide culturel qui caractérise la wilaya de Annaba ces dernières années. « Nous serions heureux de créer, grâce à l'expérience polonaise, des ballets à Annaba, Alger et Oran », a affirmé notre ministre. Waldemar Daubrowski a, quant à lui, estimé que les sites historiques qu'il a visités sont un acquis pour l'ensemble du bassin méditerranéen.