«Le Théâtre national algérien se réveille aujourd'hui du coma dans lequel l'avaient plongé des années d'incurie bureaucratique puis de terreur sanglante», estime Ziani Chérif Ayad, le directeur du TNA dans un communiqué ou plutôt une «lettre ouverte» adressée aux journalistes. Il ajoute: «Il se relève aujourd'hui, grâce à trois choses: un héritage, un espoir et une action». Trois mots pour résumer l'état des lieux de l'activité culturelle du TNA. «L'héritage, dit-il, c'est celui laissé par ses pionniers et ses hommes de talent. Des fondateurs comme Mustapha Kateb et Mohamed Boudia, Azzedine Medjoubi, Allalou, Bachtarzi...». Défendant bec et ongles notre 4e art, Ziani avoue: «J'ai écrit dernièrement que ce théâtre avait vécu plus de tragédies qu'il n'en avait jouées. Cela reste vrai, mais c'est un théâtre qui a quand même produit et laissé, en dépit d'immenses difficultés, dont la plus dure fut sans doute, l'indifférence des décideurs, une expérience et des pièces dont on se souvient encore.» L'espoir pour lui, c'est celui «de ces hommes et de ces de métier», comédiens et comédiennes, metteurs en scène, décorateurs régisseurs, costumiers... et aussi ces jeunes sortant de l'Inad de Bordj El Kiffan, ces auteurs, peintres, musiciens et danseurs et surtout le public. Enfin, l'action «a consisté à faire le lien entre cet héritage et cet espoir». Ziani cite le programme de la saison écoulée. Ces journées sur l'écriture théâtrale, notamment qui «ont permis de regrouper des plumes potentielles». Il dresse, en quelque sorte, le bilan général de l'activité culturelle annuelle au sein du TNA en cette configuration particulière qui a marqué l'année Djazaïr 2003 qui a vu la présentation en avant-première d'une douzaine de pièces de théâtre. Et de citer également le récent concert-événement qui a mis le feu aux planches du TNA, celui d'Aït Menguelet, sa dernière production, Nedjma et non des moindres de Kateb Yacine... A lire attentivement ce communiqué, on croirait être face à «un testament» que nous «lègue» l'actuel directeur du TNA dont les rumeurs laissent pressentir son départ. «Aujourd'hui, si je m'adresse directement à vous, c'est d'abord pour vous remercier de votre participation à cette reprise et pour vous demander d'aider le TNA et l'ensemble du théâtre national à aller plus loin encore.» Un son de cloche qui s'apparente à un ultime cri de détresse. «Nos destins sont liés: la presse est le théâtre de l'actualité et le théâtre est une actualité de la presse». Et de dire un peu plus loin: «C'est cette solidarité de fond qui me pousse à vous demander de construire avec nous la grande maison du théâtre algérien, de nous aider sur «le métier à tisser de cet art indispensable à une nation et de ne pas céder à ceux qui, à force de ragots et, de médisances, souhaitent l'incendie du théâtre algérien.»